Il parait que l'enfance, c'est magique.
Au point donc que des parents se plient en quarante-cinq pour s'assurer que l'enfance de leurs rejetons la soit vraiment. Magique, je veux dire.
Puisqu'elle a un peu de mal à y arriver toute seule.
Bien que ce soit magique par essence, l'enfance.
Bref, je crois que tu vois où je veux en venir.
Du coup je me suis un peu énervée.
My childhood wasn't magical. It was, I don't know, a childhood. I read and walked the dog and played with numbers. https://t.co/LC2VsUPthr
— Krazy Kamember (@krazykitty) March 30, 2016
Ma vie d'adulte n'est pas plus exempte de magie que mon enfance. Au contraire...
La magie, c'est de sentir les larmes rouler sur mes joues en écoutant de la musique. C'est de regarder le soleil tenter de se coucher au large de l'Islande, derrière trois gamins avec leurs instruments. C'est de conduire dans une lumière crépusculaire pendant des heures et ne croiser que des moutons. C'est de lire le mot « piadina » sur la devanture d'un petit restaurant engoncé dans une ruelle et d'être immédiatement transportée vers une chaude matinée de juin et des éclats de rire. D'entendre un accent russe se déverser dans le téléphone et d'aussitôt sentir un mélange de cuir et de cigarette. C'est les frissons provoqués par un simple baiser dans le cou. C'est les vagues qui me submergent sous une caresse, un regard. C'est de voyager vers d'autres contrées, d'autres univers, d'autres vies en ouvrant un livre, en se plongeant dans quelques paragraphes. C'est le sourire d'un enfant, ses bras tendus pour un câlin. C'est une vieille chienne borgne qui vient poser sa tête sur mes pieds au moment où j'en ai le plus besoin. C'est les rencontres fortuites, les amitiés nouées instantanément. C'est de s'endormir en écoutant le bruit des vagues sur la plage. C'est le réconfort de certaines tasses de thé. C'est d'entendre, parfois, dans ma tête, des voix qui ne sont plus et qui me font du bien.
C'est tout ça, et bien plus encore.
Et ça ne s'achète pas en magasin.