American Rhapsody
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dimanche, septembre 21 2014

Le temps suspendu

Alors que le brouillard épais du deuil commence à se lever, je reprends conscience de tout ce qui s'est passé en marge de ma famille et de notre douleur pendant ce temps.

Quand j'ai rappelé ma mère, les mains tremblantes de la certitude qu'il était arrivé quelque chose à ma mamie (s'il y a un message sur mon répondeur, que celui-ci ne contient pas les mots « rien de spécial » mais plutôt « rappelle-moi », il est arrivé quelque chose), je sortais d'un dîner professionnel au cours duquel j'avais longuement discuté de politique de la recherche et de politique tout court avec une prof que j'admire depuis fort longtemps. Elle m'avait claqué la bise en partant.

Le lendemain matin, après à peine quelques heures d'un sommeil torturé, marquait le coup d'envoi d'un événement de neuf jours que je me suis donné un mal de chien pour organiser et qui a fonctionné comme sur des roulettes (grâce notamment aux collègues qui ont admirablement accepté que je me décharge sur eux d'un certain nombre de responsabilités), ce pour quoi j'ai été plus félicitée que je ne le mérite.

J'y ai appris beaucoup de choses, pris des notes qui me sont déjà utiles, eu des échanges riches dont la teneur me revient peu à peu. Un des participants avait un sourire pétillant tout à fait à mon goût et je ne l'ai vraiment réalisé que quelques heures après la clôture, au moment où j'ai enfin remarqué les mots qu'il a choisis pour me dire au revoir.

J'ai eu, l'air de rien, quelques réunions impromptues, des questions de logistique, les projets des élèves, un programme scientifique à établir, autant de questions dont je m'aperçois aujourd'hui, un peu étonnée, que je les ai déjà réglées.

J'ai passé des heures à parler de ma grand-mère, de ma douleur, de mon deuil avec certaines personnes dont je ne me rends compte que maintenant qu'elles se sont aussi beaucoup ouvert à moi en retour.

La confiance au gouvernement, le retour du petit Nicolas, l'actualité politique ou non sont passés largement à la trappe (et il m'est difficile de le regretter maintenant).

France Culture, en me parlant de lait d'épaule et de lait de cœur, m'a enfin permis de comprendre les représentations de la Vierge allaitant d'un sein situé de façon anatomiquement improbable plus près de sa clavicule que de ses côtes, sources d'une profonde perplexité depuis mon adolescence.

Une amie a démissionné tellement son employeur lui était devenu insoutenable. Fort heureusement pour elle, son horizon professionnel s'est de nouveau dégagé avant que je n'aie eu le temps d'examiner de près l'information. Un ami a retrouvé ses papiers d'identités égarés (dans un canal. L'alcool, c'est mal). Un autre a fait son coming-out auprès de sa famille (ça s'est bien passé). Il y a eu des anniversaires. Des enfants qui grandissent. Des gastros. Des avions en grève.

Ce monde qui continue de tourner, ce qui rend parfois la douleur encore plus vivace, est aussi ce qui permet de faire son deuil. Life goes on.

samedi, septembre 20 2014

L'institutrice

Avertissement : Billet triste contenant des gens morts.

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mercredi, avril 16 2014

L'envers de la médaille

Il y a les mecs qui se frottent contre toi dans le métro. Il y a les administrations qui se moquent de t'aider et chauffent leur dossier sous leur cul pendant que toi, tu n'as pas accès à la sécurité sociale. Il y a le gâchis qui te fait honte des déchets biodégradables dans la même poubelle que le non-recyclable. Il y a la pollution qui t'a privée de voix pendant son pic. Il y a le racisme et la haine bien grasse qui s'exposent sans honte. Il y a les ripoux réélus en masse, et leur électorat qui trouve ça drôle.

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lundi, décembre 23 2013

Vignettes conférencières (3)

Je reviens d'un week-end très agréable en Germanie, pendant lequel les amis que j'allais voir se sont employés à me traiter comme un coq en pâte. (Comme je n'ai trouvé que « poule au pot » comme équivalent féminin, vous m'excuserez de garder l'expression au masculin.) Passons sous silence ma course effrénée après des trains (c'est ce qui arrive quand on rate son réveil. De deux heures trente) et les trois petites heures de boulot qui on suivi : je n'ai ensuite rien fait d'autre que de me détendre en excellente compagnie.

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samedi, novembre 2 2013

Shit's Getting Real

« Tu bouges beaucoup pour quelqu'un qui déteste autant les départs. »

Avant-hier était mon dernier jour complet au labo. Officiellement, je travaille encore quelques jours la semaine prochaine ; officieusement, je ne serai sur le campus que pour quelques réunions et les inévitables activités de départ (du retour des clés aux au revoir, couloir par couloir).

Le week-end dernier, j'étais dans le sud pour mettre la chambre de mon enfance en cartons et en sacs poubelle, conduire une dernière fois le 4x4 de ma maman, une sorte de boîte carrée qui vibre comme une machine à laver en phase d'essorage et braque comme une crème, et l'aider à vider sa cave en vue de son déménagement à elle.

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samedi, septembre 8 2012

Aujourd'hui croire que

Passer une longue soirée, ensemble, tous les deux ; une exposition dans un hangar, une fête de quartier, un dîner dans l'herbe sur une couverture, une longue balade le long du canal, un hérisson. Quelques heures près l'un de l'autre, à se taquiner gentiment, à rire aux éclats, à parler de tout, de rien, de vacances, de soleil, de sciences, de choses sérieuses, et de son amoureuse.

Se surprendre sourire aux lèvres, le souvenir d'un regard vert au fond de la rétine, à arriver à croire que c'est suffisant, qu'on ne veut rien de plus.

366 réels à prise rapideAujourd'hui en cent mots, tiens.

dimanche, avril 22 2012

Aujourd'hui je renonce à

1. comprendre comment des expats peuvent voter Front National ;
2. prétendre que je vais arriver à cocher le moindre item « Travail » sur ma toudouliste avant de reprendre le train pour la Bavière ;
3. ...

Je suis pas très forte en renoncements, en fait.

Même les soirées kaffee & kuchen - ciné - verres - promenade au bord de l'eau avec un garçon charmant (gauchiste, quadrilingue, culturé, la totale) dont le cœur est pris ailleurs (loin, mais pris), je renonce pas, alors que clairement, je vais me faire mal. (Mais puisque je te dis que juste potes, ça me va, et qu'elles sont bien, ces soirées.)

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui en cent mots, un bref épanchement, et le coup de blues du dimanche.

mercredi, avril 4 2012

Aujourd'hui ceux que l'on porte

Ceux que l'on porte dans nos cœurs.
Ceux que l'on porte dans nos mémoires.
Ceux que l'on porte dans nos veines, dans notre sang, dans nos gènes.
Ceux que l'on emporte avec nous, parfois bien malgré nous.

Sujet de la conversation du jour dans mon bureau, doigts serrés sur des tasses de thé fumant, entre expatriés au long cours tout en inébranlable loyauté, amour inconditionnel et blessures mal cicatrisées.

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui en moins de cent mots, parce qu'un regard, un sourire, une inspiration brusque, valent largement les vingt-sept (âge en années, tiens donc, de chacun des interlocuteurs concernés) qui manquent à l'appel.

mardi, avril 3 2012

Aujourd'hui ce que l'on porte

Sur mes épaules : une veste de laine brune ; un léger sac à dos, contenant mon agenda, divers sous et papiers, et La nobile arte dell'insulto ; la responsabilité de rassembler les bouts libres[1] du projet du mon Padawan.

Sur ma figure : une indispensable paire de lunettes ; un peu d'ombre à paupières, inexplicablement ; un grand sourire alors que je fais rebondir des idées[2] sur un collègue dont je veux picorer le cerveau[3] à propos d'un projet dont je réalise qu'il me lasse moins que je le croyais ; une certaine lassitude à constamment passer d'une langue à l'autre.

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui en cent mots, hors notes de bas de page.

Notes

[1] tie up loose ends

[2] bounce ideas

[3] pick his brain

dimanche, mars 11 2012

Aujourd'hui blanc

Et puis noir, et puis fauve.

Comme les trois couleurs de la robe de mon chien. Le plus joli beagle du monde, achetée sur les quais de Seine à Paris quand j'avais dix ans. C'était mon chien, mais surtout celui de ma maman, avec qui elle est bien évidemment restée quand je suis partie de la maison.

C'était un clown, qui m'a fait comprendre d'où Charles Schutz tirait son inspiration. (Snoopy n'a rien d'un personnage imaginaire, croyez-moi.)

C'était une adorable bestiole qui n'aimait rien plus que les attentions de ses humains, sauf manger.

Laïla, juillet 2011 Grosses papattes, languette rose, et une curiosité de chat.

C'était une saleté de chien gâté, portée au bras dans les escaliers depuis l'âge de six ans à cause de son dos (quand je vous dis que c'est de famille), incontinente et sourdingue dans ses dernières années, puis borgne aussi, récemment, après une infection. Un chien mal dressé, qui aboyait parfois sur les passants (surtout, allez comprendre, ceux en marcel), qui ne sortait qu'en laisse et encore en tirant dessus, qui ne ratait pas une occasion de monter sur un lit sans autorisation.

C'était un chien de chasse qui avait peur des coups de fusil, d'être dans un 4x4 et du bruit des oiseaux qui marchent dans les fourrés.

C'était la bête qui venait renifler le téléphone quand j'appelais à la maison, celle qui daignait parfois s'intéresser à ma présence sur Skype (le son de ma voix dans les hauts-parleurs l'intriguait énormément au début), celle à qui je transmettais des caresses (et des bisous entre les deux yeux, ses préférés), à la fin de chaque conversation avec ma maman.

C'était elle que j'allais voir quand je rentrais dans le sud de la France.

C'était un petit vieux chien tout usé et d'autant plus tendroulet.

Et puis elle a refusé de manger, vomi, eu la diarrhée, le vétérinaire a tenté une transfusion, puis diagnostiqué une insuffisance rénale. Vendredi elle a arrêté de réagir aux caresses. On l'a endormie samedi. Maman lui a dit que je pensais à elle ; son corps malade s'est détendu sous l'effet de l'injection ; sa babine a frémi une dernière fois comme il nous faisant tant rire qu'elle le fasse.

A des centaines de kilomètres de là, je vide ma boîte de mouchoirs et pense à ma maman qui désormais se réveille et rentre le soir dans une maison vide.

laila En août dernier.

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Je lis

Surtout des polars. À l'occasion, des romans de fantasy loufoque, du théâtre, de la littérature chinoise traduite en italien (j'ai des amis formidables), des vrais livres bien écrits.

J'écoute

of Montreal, Caravan Palace, the Ditty Bops, Dango Reinhardt, the National, Minor Majority, Léo Ferré, Beethoven, Sonny Rollins, Laura Marling, Erlend Øye, Hjaltalin, Sufjan Stevens, Yuri Bashmet. Entre (nombreux) autres.

Je suis

occupée ouh là beaucoup très très, enchantée par Oscar Wilde (One should always be a little improbable), vaguement improbable, toujours aussi liberté, égalité, schtroumph 1er (merci Plantu).

Pensée profonde

"Partir, c'est mourir un peu. Mais mourir, c'est partir beaucoup."
[Alphonse Allais]

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