The American
Maintenant que mes crampes d'estomac se sont calmées, j'ai trouvé la force de lire la presse américaine. Bon, d'accord, pas toute la presse ; dans un souci de lire des phrases pas trop mal écrites et d'éviter l'ulcère, je me suis cantonnée au New York Times et au San Francisco Chronicle. Un titre de Fox News m'avait attiré l'oeil sur Google News, mais comme le dit si bien R. K. Milholland, « Fox News is a delicious oxymoron » , Fox News est un délicieux oxymore.
Pour des raisons évidentes, certains noms seront floutés dans ce qui suit.
Une des choses qui intéresse évidemment le plus les Américains, c'est l'amour du nouveau Président - yuck - pour leur pays. Quoi, comment, les Français ne sont pas tous des snobs méprisant tout autre pays que le leur ?
Mr. S#$@ is unabashedly pro-American, a man who openly proclaims his love of Ernest Hemingway, Steve McQueen and Sylvester Stallone and his admiration for America’s strong work ethic and its belief in upward mobility. [...] He once said he wanted Gloria Gaynor’s “I Will Survive” as his victory song. He calls himself “proud” to wear the label “S#$@ the American.”
M S#$@ est ouvertement pro-américain, un homme qui crie haut et fort son amour d'Ernest Hemingway, Steve McQueen et Sylvester Stallone et son admiration pour la puissante éthique de travail et la croyance en l'ascension sociale propres à l'Amérique. [...] Il a une fois dit vouloir I Will Survive de Gloria Gaynor's comme chanson de victoire. Il se dit lui-même « fier » de porter l'étiquette « S#$@ l'Américain ».
Selon le ''New York Times'', 7 mai 2007
Heureusement que Steve McQueen et Sylvester Stallone sont là pour rendre son amour du vieil homme à peu près aussi crédible que celui qu'il éprouve pour la classe ouvrière. Steve McQueen et Sylvester Stallone. Mais même les Américains ont honte de Sylvester Stallone !
Quant au reste, j'imagine que ça se passe fort bien de commentaire.
Nicolas S#$@ nicknamed "the American" by French political insiders for his ambition and pragmatism, is France's next president. His biggest challenge will be how to nudge France toward a more -- shudder -- American-like economy.
Nicolas S#$@, surnommé « l'Américain » par les initiés de la politique française pour son ambition et son pragmatisme, est le prochain président de la France. Son plus grand défi sera de pousser la France vers une économie plus (frissons) américaine.
Selon le ''San Francisco Chronicle'' du 8 mai 2007
La Maison Blanche[1] se félicite évidemment du choix des Français.
There must have been some relief in the White House on Sunday that President B@#$ didn’t have to call Ms. Royal to congratulate her. [...] with the imminent departure of Prime Minister Tony Blair of Britain, Mr. B@#$ got to congratulate the man who may well become his new best friend in Europe.
Cela a dû être un certain soulagement à la Maison Blanche dimanche que M B@#$ n'ait pas à appeler Mme Royal pour la féliciter. [...] au vu du départ imminent du Premier Ministre britannique Tony Blair, M. B@#$ a félicité l'homme qui sera bien capable de devenir son nouveau meilleur ami en Europe.
selon le ''New York Times'' du 7 mai 2007
Dormez en paix, braves gens.
Et de même les Américains de tout bord.
Senator Charles E. Schumer, Democrat of New York, told CNN on Sunday, “It would be nice to have someone who’s head of France who doesn’t have a knee-jerk reaction against the United States.”
Le sénateur Charles E. Schumer, démocrate de l'état de New York, a déclaré à CNN dimanche « Il serait bien d'avoir à la tête de la France quelqu'un qui n'a pas une réaction automatique à l'encontre des États-Unis ».
selon le ''New York Times'' du 7 mai 2007
Il serait aussi de bon ton que les dits États-Unis arrêtent de se comporter de sorte à générer de semblables automatismes...
Les analyses sur la santé économique de la France vont bon train.
Frankly, given France's deteriorating economy and the fact that its last president, Jacques Chirac, spent two terms waffling on economic reform, S#$@'s toughness and determination could be the best thing to happen to that country in years.
But -- and here's the big caveat -- that's only if S#$@ doesn't fall victim to xenophobia, a nasty quality he's already displayed. During the 2005 riots, when thousands of jobless, angry young men of color took to the streets for a full month, the ever-tactful S#$@ called them "scum," a comment that some observers believe caused the riots to last longer. Such opinions are unbecoming, not to say impractical, for the head of state of the world's sixth-largest economy. If S#$@ can learn anything from the United States, it's that immigrant populations can make his country stronger and better. Come to think of it, that's a lesson we would do well to review right now.
Honnêtement, étant donnés l'économie en pleine détérioration de la France et le fait que son dernier président, Jacques Chirac, a passé deux mandats à hésiter sur des réformes économiques, la dureté et la détermination de S#$@ pourraient être la meilleure chose qui soit arrivée à ce pays depuis des années.
Mais - et c'est là la mise en garde - c'est seulement si S#$@ ne tombe pas dans la xénophobie, une qualité dégoûtante dont il a déjà fait preuve. Durant les émeutes de 2005, quand des milliers de jeunes hommes en colère et sens emploi ont pris la rue en otage pendant un mois entier, le toujours plein de tact S#$@ les a qualifiés de « racaille », un commentaire que certains observateurs pensent être à l'origine de la prolongation des émeutes. De telles opinions sont inconvenantes, pour ne pas dire impraticables, pour le dirigeant de la sixième économie mondiale. Si S#$@ peut apprendre quoi que ce soit des États-Unis, c'est que les immigrants peuvent rendre son pays meilleur et plus fort. A ce propos, c'est une leçon que nous ferions bien de réviser dès maintenant.
Selon le ''San Francisco Chronicle'' du 8 mai 2007
En guise de conclusion, je tricherai en vous conseillant la lecture du billet du 8 mai 2007 de Corine Lesnes.
Que la France soit à ce point remplie de gens capables, parce qu'ils sont séduits par un programme économique qui ne devrait pourtant pas enthousiasmer les pauvres ni les chômeurs, de passer outre des théories sociales malsaines et le bilan plus que douteux d'un des personnages les plus puissants de ce dernier gouvernement, que ce soit parce qu'ils sont cons, salauds ou obnubilés par le Dieu Fric, ça me tord les tripes. Ah, il est beau, l'héritage de la patrie des Droits de l'Homme et du pays des Lumières !
Note : Si vous avez sous la main une association quelconque (mais française) dont l'action vise soit à mettre le nez de telles gens dans leur propre caca, soit à limiter autant que faire se peut leur pouvoir de nuisance, et pour laquelle on puisse faire quelque chose à distance et via Internet, prévenez-moi, j'arrive. Je ne vais quand même pas aller m'inscrire à la Fédération des Français de l'Étranger, leur site Internet est tout moche.
Notes
[1] ouais, ouais, les gens dedans quoi...