Y a pas que les rêves, dans la vie
Car oui, aujourd'hui encore, comme chaque troisième lundi de janvier, ou à peu près, car les Américains aiment bien profiter de leurs jours fériés pour en faire des week-end de trois jours plutôt que de les célébrer à date fixe et de faire la gueule les années où ça tombe un week-end, c'est Martin Luther King Day.
A l'occasion de quoi j'aimerais rappeler que voui, il est très joli le fameux discours, que c'est pas bien d'être raciste, mais que le Rev. Dr. Martin Luther King Jr., il était aussi violemment anti-guerre, et qu'il parlait beaucoup d'aider les pauvres et de choses comme une redistribution radicale du pouvoir économique, et que tous les salauds candidats de droite qui se réclament de lui histoire de faire bon genre tout en prônant un capitalisme exacerbé et le maintien des troupes américaines en Irak feraient mieux de se la fermer.
CeciCela étant, qu'ai-je donc fait de mon week-end de trois jours ? Ai-je vécu d'extraordinaires aventures dans la Vallée de la Mort ? Suis-je allée claquer mon (maigre) salaire dans les casinos les plus chics de Las Vegas ? Ai-je arpenté Hollywood et croisé des brassées de célébrités (Jake Gyllenhaal dit bonjour) ?
Ben non.
Samedi après-midi, je suis allée dans un grand magasin de meubles suédois, acheter quelques assiettes en prévision du jour où mon insupportable colocataire quittera enfin les lieux, emportant avec elle sa vaisselle ébréchée, ainsi que des cadres photo (pas chers, les cadres. Faut les raboter soi-même à la lime à ongle et le morceau de plastique n'est même pas utilisable pour couvrir les photos, mais ils sont pas chers). Comme j'étais accompagné d'un maniaque de l'ordre et de la propreté à la recherche des lampes et des coussins qui pareraient à la perfection son canapé beige (euh, pardon, blond doré) pour un budget minimal, ça a pris plus de deux heures et il a encore fallu aller passer une heure dans les allées de Target pour enfin trouver des coussins convenable (vert olive, mais un peu trop vert peut-être, qu'en penses-tu? Que la lumière est horrible et que je veux rentrer et que t'as qu'à acheter les coussins rose fluo avec des fleurs là-bas qu'on en finisse.).
C'était pas super coule en fait.
Mais j'en ai profité pour racheter du bain douche pomme-poire, ce qui tombe vachement bien, j'étais en rade, dis-donc.
Qué passion.
Bon en suite j'ai cramé une poêle qui ne m'appartenait pas en essayant de faire à dîner - ça faisait plus d'un mois que j'avais rien brûlé, tu comprends, fallait que ça arrive. A ce jour, je n'ai toujours pas récupéré la poêle, malgré de nombreuses tentatives à base de vinaigre, eau de javel, détergents divers, gros sel, citron, tout mélangé, bouilli, rien, que dalle, je suis juste à moitié mourrue par inhalation de vapeurs toxiques. Ça tombe bien, j'avais quinze dollars dont je ne savais que faire, je vais pouvoir acheter une poêle avec.
Ensuite, je me suis retrouvée devant un film. Vu la gueule de la journée, je pensais qu'il allait être tout pourri. Comme What Lies Beneath [1], qui m'a ennuyé au plus haut point (sauf quand Harrison Ford m'a fait peur et que j'ai crié, ce qui a mis un peu d'ambiance). Ou décevant, comme Zodiac[2], qui avait des acteurs bien chouettes (à part que je comprenais tellement pas Robert Downey Jr. qu'on a dû mettre les sous-titre, la honte), mais qui faisait un peu trop documentaire à mon goût, surtout rapport à tout le flan qui en avait été fait.
Ben pas du tout.
Fay Grim[3], c'était vachement chouette. Surtout le début, quand c'était complètement louftingue, parce que bon, les louftingueries, quand on les explique, c'est juste un gros sac de noeuds pas très intéressant. Mais bon, vachement chouette quand même. Je trouve.
En ce qui concerne dimanche, je vais passer discrètement sur le grand nettoyage de ma chambre (et affichage de photos dans leurs nouveaux cadres car oui, j'ai parfois de la suite dans les idées) et raconter l'attraction de la journée.
Qui a duré cinq minutes.
Enfin, une heure et demie en comptant la file d'attente.
Je suis montée dans un ballon !
Un gros ballon orange, qui s'élève au-dessus du Great Park d'Irvine, situé à l'emplacement de l'ancienne base militaire d'El Toro.
Sauf que le Great Park, il est pas encore tout à fait fini. Pour tout dire, le seul truc dedans, c'est le gros ballon orange. Et un parking. Sinon c'est tout en construction. (J'ai pas tout compris au concept du grand parc écologique où tu passes plusieurs années à aménager des sentiers de promenade avec des jolies passerelles en bois et des structures en béton, d'ailleurs, mais bon, que veux-tu, j'ai l'habitude de mettre des chaussures de randonnées quand je pars marcher. Un truc de bas-alpin, peut-être.)
Et que y avait trop de vent, ce qui faisait que de temps en temps, le ballon restait au sol au lieu de faire monter un nouveau group de gens, et qu'il ne prenait que pas beaucoup de gens à la fois, et qu'il n'allait pas très haut. Du coup, au lieu du tour du monde en quatre-vingt jours de nous élever gracieusement à cent-vingt mètres au-dessus d'un magnifique parc, on a eu une montée à cinquante mètres au-dessus de champs en friche et d'un parking vide.
Mais c'était bien aussi.
Quant à aujourd'hui, ma foi, il flotte, je me contente donc de zoner tranquillement à la maison. Peut-être que je regarderai Donnie Darko[4] plus tard (ça fera une troisième allusion subtile à Jake Gyllenhaal dans mon billet).
Passionnant, non ?