Superman reçoit le Nobel de la Paix
Oui, je sais, tout le monde est au courant. N'empêche que ce matin j'ai d'abord cru à un canular. Obama, prix Nobel de la Paix ? Et pourquoi pas Al Gore, tant qu'à faire ? (Ah, ben non, d'jà fait.)
J'ai donc essayé de comprendre d'où la chose venait. Qu'a donc fait notre sémillant messie pour se voir ainsi distingué (et couvert de couronnes qui, précisons-le, seront intégralement reversées à des organismes caritatifs) ? Récompensé pour « avoir créé un nouveau climat international » ? Ça n'était pas vraiment herculéen, il suffisait de ne pas être George Bush. Ce qui est tout à fait méritoire, mais de là à recevoir une distinction ?
Ce qu'il en ressort, au fond, c'est qu'un Nobel de la Paix n'est pas ce que l'on a tendance à croire. Naïvement, je pensais qu'il s'agissait, de même qu'avec les autres catégories, de récompenser l'ensemble de l'œuvre d'une vie. Façon Martin Luther King ou Mère Thérésa. D'ailleurs Wikipédia, qui comme chacun le sait, est un puits de savoir sans fond, affirme qu'il s'agit de désigner, selon les souhaits d'Alfred, « la personnalité ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix ».
Il semble cependant qu'il puisse s'agir de récompenser une intention, comme le note d'ailleurs Otir (avec plus ou moins de bonheur dans le cas Arafat-Peres-Rabin, le comité pour visionnaire qu'il soit n'ayant pas prévu l'assassinat d'Yitzakh Rabin par un qui le trouvait un peu trop pacifiste, et quinze ans plus tard on attend toujours la paix en Palestine). Ce fut le cas pour le prix décerné à Willy Brandt en 1971 (soit dix-huit ans avant la chute du Mur) ou celui reçu par Gorbatchev en 1990. Le président du comité s'en défend pourtant à moitié, en déclarant que « la question est de savoir qui a fait le plus l'année passée pour promouvoir la paix dans le monde ». Je n'ai pas de réponse à cette question mais ne doute pas qu'ils s'en trouve quelques unes fort présentables parmi les deux cent cinq nominés.
Et il a bien raison, car si l'on peut se réjouir de l'aspect « maintenant, pas moyen d'aller bombarder l'Iran, ça la foutrait trop mal », je ne peux m'empêcher d'y lire un message qui dit quelque chose comme « vous allez être gentil, si on vous donne un prix Nobel, vous nous foutez pas le merdier en Iran, d'accord ? Puis vous essayez un peu d'arrêter les frais en Irak et en Afghanistan, d'accord ? Pour Guantanamo, ne vous inquiétez pas, vous pouvez continuer de tout balayer sous le tapis, on s'en arrangera ».
Et il y a, comme je le disais plus haut, un petit côté « ah, nous sommes si contents que vous ne soyez pas George Bush, diantre, on se pince encore de temps en temps pour y croire, allez-y, faites donc la police du monde, débrouillez-vous avec ce pétrin, c'est pas comme si vous aviez mieux à faire à la maison ». C'est peut-être un travers tout à fait français, mais la propension des Américains à se croire indispensables m'irrite passablement et avec elles notre propension à les y encourager.
Un certain nombre de théories ont aussitôt fleuri sur l'Internet Mondial : était-ce un prix de consolation pour ne pas avoir obtenu les JO de 2016 ? Une récompense pour le succès du Sommet de la Bière entre Cowley et Gates ? Un dernier geste désespéré pour essayer d'empêcher la NASA de bombarder la Lune ?
Cependant, la réaction des Républicains valait à elle seule largement ce choix. Quelques uns, dont John McCain, Arnold Schwarzenegger et Tim Pawlenty ont réussi à avoir le minimum de préséance requis dans ces circonstances. Le reste du parti s'affole à qui mieux mieux et réagit avec une classe toute particulière. Extraits choisis.
I was nominated three years ago and I'm still waiting for the call.
J'ai été nominé il y a trois ans et j'attends toujours qu'on m'appelle.
— John Bolton, ambassadeur de George Buh aux Nations Unies, selon toutes apparences un grand optimiste un peu naïf.
This fully exposes the illusion that is Barack Obama. And with this 'award' the elites of the world are urging Obama, THE MAN OF PEACE, to not do the surge in Afghanistan, not take action against Iran and its nuclear program and to basically continue his intentions to emasculate the United States. They love a weakened, neutered U.S and this is their way of promoting that concept.
Cela expose complètement l'illusion qu'est Barack Obama. Et avec cette « récompense » les élites du monde exhortent Obama, L'HOMME DE LA PAIX, à ne pas renforcer la présence militaire en Afghanistan, à ne pas agir en opposition à l'Iran et son programme nucléaire, et en gros à poursuivre son intention d'émasculer les États-Unis. Ils adorent que les États-Unis soient affaiblis et castrés, et c'est leur façon de promouvoir ce concept.
— Rush Limbaugh,
gros porc suintantanimateur radio de très, très à droite, qui aurait probablement besoin d'un calmant[1], et tient manifestement beaucoup à sa virilité, ce qui n'est pas particulièrement surprenant de la part d'un homme qui a un jour déclaré « Feminism was established so as to allow unattractive women easier access to the mainstream of society » (le féminisme a été établi pour permettre aux femmes peu attirantes de se faire une meilleure place dans la société).
We could note that, if the
SwedesNorwegians wanted to give the Nobel Peace Prize to an American, it would have been been better to give it to Sen. John McCain for having the guts to push through the surge in Iraq, which has brought relative peace to that country.Nous pourrions remarquer que, si les
SuédoisNorvégiens voulaient donner le Prix Nobel de la Paix à un Américain, il aurait été mieux de le donner au Sénateur John McCain pour avoir eu le courage de faire passer le renforcement de la présence militaire en Irak, qui a amené une paix relative dans ce pays.— Bill Kristol, éditorialiste et commentateur politique néo-conservateur.
But most Nobel Peace prizes go to conventional left-wing types popular with European elites — Kofi Annan, Jimmy Carter, Al Gore, Mikhail Gorbachev. Before they break out the champagne at the White House, they may want to pause over the fact that Obama now shares this honor with Mohammed el-Baradei, Yasser Arafat, and flagrant liar Rigoberta Menchu Tum.
Mais la plupart des Prix Nobel pour la Paix vont à des gauchistes conventionnels populaires parmi les élites européennes — Kofi Annan, Jimmy Carter, Al Gore, Mikhail Gorbachev. Avant de déboucher le champagne à la Maison Blanche, ils devraient peut-être prendre le temps de réfléchir au fait qu'Obama partage désormais cet honneur avec Mohammed El Baradei, Yasser Arafat, et cette menteuse de Rigoberta Menchu Tum.
— Mona Charen, éditorialiste et commentatrice politique conservatrice, auteur de Do-Gooders: How Liberals Harm Those They Claim to Help — and the Rest of Us (Les bons Samaritains : Comment les libéraux font du mal à ceux qu'ils prétendent aider — et au reste d'entre nous), qui se réveille manifestement parfois en sueur après avoir fait l'horrible cauchemar d'avoir été comparée à Kofi Annan (un noir, qui plus est !)
I'm not all for Americans winning international prizes, especially the Nobel Peace Prize. In fact, I'm vigorously against it. The transnational progressives who pass out these accolades believe America is the problem in the world, the main threat to peace, the impediment to "progress," etc. The award is a symbolic statement of opposition to American exceptionalism, American might, American capitalism, American self-determinism, and American pursuit of America's interests in the world. That is why Obama could win it based on only ten days in office — merely by capturing the White House and the levers of power, he stands to do more for the Left's "knock America off its pedestal" program than any figure in history.
After a number of years, the NFL renamed its Super Bowl trophy after its most fitting recipient — it's now called the Vince Lombardi Trophy. I'd like to see the Nobel Foundation follow suit. If today's headlines said, "Barack Obama Wins Yasser Arafat Prize," that would be perfect.
Je ne suis pas du tout pour que les Américains gagnent des prix internationaux, particulièrement pas le Prix Nobel de la Paix. En fait, je suis vigoureusement contre. Les progressistes transnationaux qui distribuent ces accolades pensent que l'Amérique est le problème du monde, la principale menace contre la paix, l'obstacle majeur au « progrès », etc. Cette récompense est une déclaration symbolique d'opposition à l'exception américaine, à la puissance américaine, au capitalisme américain, à l'auto-déterminisme américain, et à la poursuite américaine des intérêts américains dans le monde
américain[2]. C'est pour cela qu'Obama a pu gagner après seulement dix jours en poste — tout simplement parce qu'en s'emparant de la Maison Blanche et des leviers du pouvoir, il avait déjà fait plus pour le programme « faisons tomber l'Amérique de son piédestal » de la gauche que n'importe quel autre figure de l'histoire.Après un certain nombre d'années, la NFL a renommé le trophée de son Super Bowl d'après son lauréat le plus approprié — il s'appelle maintenant Trophée Vince Lombardi. J'aimerais voir la Fondation Nobel faire de même. Si les gros titres du jour avaient dit « Barack Obama gagne le prix Yasser Arafat », cela aurait été parfait.
— Andy McCarthy, éditorialiste conservateur, qui a manifestement mangé un drapeau américain au petit déjeuner et souffre de paranoïa aigüe.
J'avoue que ma plus grande préoccupation, après l'excitation des premières heures, est de savoir ce que Jon Stewart et Steven Colbert vont faire de cette information.
Mais je souhaite néanmoins au passage que Barack Obama se montre à la hauteur de la confiance que lui a accordé le comité Nobel.