Torchons et serviettes
Je ne sais pas quoi te dire, moi.
C'est à propos d'un type, un certain Monsieur A., un Australien qui a vécu en Suède.
Il se trouve que ce type a créé (ou participé à la création, ne chipotons pas veux-tu) un site oueb sur lequel il met régulièrement à disposition de l'Internet Mondial des documents classés top secret de la diplomatie elle aussi mondiale. Il s'y explique au passage sur le pourquoi du comment, ce qui est intéressant.
Là n'est pas ce qui me pousse à écrire.
Il se trouve aussi que ce type est accusé de viol.
Plus précisément, il est accusé des faits suivants : d'une, avoir refusé d'interrompre l'acte sexuel après que sa partenaire lui ait demandé de s'arrêter ; de deux, avoir profité que sa partenaire (une autre, ce qui ne change rien) soit endormie pour la pénétrer.
Dans le premier cas, la femme voulait qu'il s'arrête parce que son préservatif s'était déchiré. Dans le deuxième cas, la femme lui avait explicitement demandé d'utiliser des préservatifs. Dans un cas comme dans l'autre, cela permet de se faire une idée du contexte, et de se faire une idée du personnage. Ce n'est pourtant pas ce qui me pousse à écrire.
Les journaux nous informent qu'en Suède la poursuite de l'acte sexuel une fois le consentement rétracté est considéré comme un viol. Ce n'est pas non plus ce qui me pousse à écrire.
Ce qui me pousse à écrire, c'est qu'il y a des gens qui pensent que refuser de t'interrompre quand ton ou ta partenaire dire stop, ce n'est pas bien grave, puisqu'il ou elle avait bien dit oui à un moment.
Ce qui me pousse à écrire, c'est qu'il y a des gens qui pensent que « faire l'amour », avec ou sans préservatif, à quelqu'un qui dort à côté de toi, ce n'est pas bien grave, puisque cette personne avait accepté d'avoir des rapports sexuels avec toi à un moment ou à un autre.
Ce qui me pousse à écrire, c'est que ces gens-là semblent être assez nombreux pour qu'on les entende. Et que ces gens-là n'ont pas « VIOLEUR » inscrit au fer rouge sur leur front. Et qu'en plus de me dégouter et de me désespérer, ils me foutent la trouille.
Ils me donnent envie de me terrer au fond de ma chambre d'enfant, volets fermés et verrous de l'appartement tirés. Sauf que j'ai aussi envie de vivre, et que rien qu'avec trois ouvriers qui retapent la salle de bain aujourd'hui, ça va pas trop être possible.
Ils me donnent envie de me procurer un couteau, d'apprendre à m'en servir, et de ne jamais m'en séparer, même (surtout ?) dans l'intimité. Sauf que j'ai aussi envie de vivre, et que ça me semble gâcher quelque peu la chaleur, la douceur, la tendresse, l'effusion, la passion du moment.
Ils me donnent envie de dégobiller sur leurs chaussures, et comme je n'ai pas assez de bile pour chacun d'entre eux ni envie de les approcher de plus près qu'il n'est absolument nécessaire, c'est ce que je fais présentement en pensée.
Et en plus, ils détournent l'attention des vraies questions. Oui, ces accusations arrivent à un moment fort opportun pour les grands de ce monde, qui n'ont que cesse de faire taire Monsieur A. Oui, il est possible que l'une ou l'autre de ces femmes, ou les deux, mente. Mais cela ne devrait rien changer au fait que ce dont on accuse Monsieur A. est grave. Et ce n'est pas de ça dont on devrait débattre.