Au secours, j'ai été contaminée par les féministes radicales américaines
Vous vous en doutiez probablement après ce dernier billet où j'avançais que de continuer à pénétrer sa partenaire après qu'elle ait explicitement demandé d'arrêter était du viol, que la raison en soit une déchirure de préservatif ou non.
Au passage, j'en profite pour signaler que tiens, en fait, le « sexe par surprise » n'existe pas plus dans la loi suédoise que dans les autres lois du monde — merci à Kozlika pour le lien.
Et puis voilà que Rue89 publie un article sur les filles qui couchent pour ne pas avoir à dire non. Qui raconte l'histoire de Chloé (le prénom a été changé — pour le mien.)
Ouvrons-donc une parenthèse sur le prénom Chloé, tiens.
Je trouve qu'on s'en sert beaucoup, en ce moment. C'est peut-être parce qu'il est devenu extrêmement populaire au début des années 2000.
Toujours est-il qu'on le retrouve au dos des paquets de Spécial K, à côté d'un quizz magnifique sur lequel je ne m'étends pas plus que pour te dire ce que j'en retiens : sortir manger avec ses amis, c'est mal, que être bien dans sa peau, c'est pas normal, et oser être grosse et heureuse, c'est quand même drôlement indécent.
On le retrouve aussi dans le titre d'une merveilles d'inventivité éducative des éditions Fleurus, un truc pas du tout genré, pas du tout stéréotypé, et qui ne me donne pas du tout envie de dégobiller.
Fin de la parenthèse.
Voilà donc la Chloé de l'article (pas du tout racoleur) de Rue89, un peu paumée comme on l'est souvent à 20 ans, qui se retrouve dans un pieu qu'elle n'avait pas l'intention de partager, se saoule à la vodka pour ne pas y penser, et se réveille le lendemain matin « avec mal entre les cuisses ».
Et puis cette phrase : « Chloé n'est jamais tombée enceinte, mais elle vit son histoire comme un quasi-viol ».
Et pas le moindre signe que quelqu'un d'autre que moi pense qu'il s'agisse effectivement d'un viol. Pas le moindre signe du concept du Yes means yes. Pas le moindre signe du fait que « celles qui cèdent faute de confiance en elles » puissent être considérées comme victimes de violences sexuelles en plus d'être victimes de notre culture, de notre société dans laquelle les filles couchent pour ne pas être ringardes, pour prouver qu'elles valent quelque chose puisqu'elles sont baisables.
Je n'ai pas lu les commentaires.
Mais alors que je trouve que l'article ne va pas assez loin, je m'attends à ce qu'y figurent de nombreux commentaires disant qu'il pousse le bouchon, qu'il floute la frontière pourtant bien nette entre le viol (quand un mec, de préférence inconnu, de préférence black, attrape une nana même pas habillée en mini-jupe et lui fait son affaire dans un fourré, à la pointe du couteau, pendant qu'elle hurle du début à la fin) et le non-viol (tout le reste, qui n'est dû qu'à l'insécurité ou l'incertitude de ces nanas qui ne font que changer d'avis, être incapable de filer des coups de genoux dans les entre-jambes qui le méritent, et refuser d'assumer que si elles se collent une mini-jupe et des talons, c'est bien qu'elles ont envie de coucher).
Et je me dis que la lecture des journaux était quand même drôlement plus facile avant que je ne commence à fréquenter les féministes américaines (ces salopes). (Ma vie personnelle l'était un peu moins, mais on ne peut pas tout avoir.)
Ce qui ne m'empêche pas de recommander malgré tout aux anglophones cet exposé de Tony Porter qui appelle les hommes (et par extension ceux qui en élèvent ou éduquent) à sortir de la boîte de comportement mâles (ne pas pleurer, être toujours fort, être protecteur, être athlétique...).