Vous les attendiez impatiemment : la suite de mes aventures conférencières, et des nouvelles du Surfeur Nase.

Car le Surfeur Nase était là. Par chance nous avons continué de nous ignorer l'un l'autre avec superbe, comme d'habitude. Sauf la fois où je parlais avec un prof de notre alma mater, qui me donnait des nouvelles du centre de recherche et du programme dans lequel j'étais. Il m'expliquait que tout allait au mieux, en dépit du départ d'un grand ponte, désormais en poste dans son bas pays natal, et dont l'absence se fait cruellement ressentir.

« Ben moi, je reviens ! Et j'aimerais bien qu'il revienne aussi ! » nous annonce le Surfeur Nase, qui vient de nous rejoindre, hélas. Devant ma surprise mon interlocuteur m'explique que ce crétin aux cheveux gras a trouvé un nouveau postdoc, partagé entre notre ancienne université et un autre endroit. Pendant que je ramasse ma mâchoire, il suggère au Surfeur Nase de s'employer à essayer de faire revenir le grand ponte.

« Mais j'ai déjà essayé ! Je lui ai bien dit comme c'est tout pourri, l'Europe. Ça n'a pas l'air de marcher. »

Tu m'étonnes.

« Mais j'ai une autre idée ! Je vais débarquer dans son nouveau bureau en disant que moi aussi, j'ai un poste dans son université, avec un bureau juste à côté du sien ! Il va revenir en Californie en courant ! ».

Ce garçon est moins borné que je ne le pensais.

Sur ce je me suis trouvée fin prête à braver la tempête de neige pour aller descendre de la Blue Moon au Castor Joyeux[1].

Note

[1] Oui, il y a un jeu de mots sur « castor » en anglais.