J-3. Se souvenir qu'on a promis d'essayer de faire un cheesecake. Commencer à lire les recettes de cheesecake sur Internet pour établir une liste d'ingrédients. Faire une synthèse d'avis divergents, pour arriver à la liste de courses suivante :

  • un paquet de spéculoos ;
  • deux barquettes de 300g de Philadelphia ;
  • de la crème fraîche ;
  • du beurre doux ;
  • des œufs ;
  • du papier kraft ;
  • une tablette de chocolat.

Les deux derniers éléments n'ont pas grand chose à voir avec le cheesecake, je te l'accorde. Le reste, si. Oh dis-donc ça a l'air léger comme tout, cet objet.

J-2. Rentrer fièrement des courses et établir que tous les ingrédients, à savoir ceux sur la liste plus

  • de la farine
  • du sucre
  • de la vanille

sont bien à la maison, ainsi que le papier sulfurisé.

Réaliser par contre que, détail détail, il manque un petit quelque chose... le moule à manqué démontable. Envisager de retourner au magasin. Se souvenir de l'époque, il y a plus d'un an, où, habitant en Germanie, l'on fut chargée par une amie qui, chance de chance, est maintenant une collègue dont on partage le bureau, de lui ramener un tel moule, vendu à des prix beaucoup plus raisonnables outre-Rhin. Lui envoyer un texto d'urgence. Retenir son souffle.

J-1, midi. Récupérer le moule à manqué.

J-1, 17h. Se rendre au pot de Noël du bâtiment. Boire du champagne. Boire du champagne en compagnie d'un Russe qui a peur qu'il n'y ait pas assez de réserves. Boire trop de champagne.

J-1, 19h. Arriver à coordonner avec succès ses doigts pour rejoindre la téléconférence avec les Zaméricains de la côte Ouest qui n'ont pas envisagé une seconde que tu puisses avoir quelque chose d'autre à faire de ton vendredi soir que de leur taper la discute. Écouter sagement.

J-1, 20h05. Intervenir enfin dans la téléconférence, avec une intelligence et un à propos tous relatifs. S'émerveiller de ce que les gens jugent ladite contribution pertinente.

J-1, 20h30. S'échapper enfin de la téléconférence, du bureau, de la fête de Noël du bâtiment (tout le monde est fin pété alors que l'on a vaguement dégrisé, à force de téléconférencer).

J-1, 21h15. Ouvrir les recettes de l'Internet soigneusement sauvegardées. Décider d'en combiner deux. Dont une aux proportions gargantuesques. Faire préchauffer le four à 180°C. Puis à 160°C. Passer les vingt minutes qui suivent à décider de quantités, à convertir des cups en grammes et des oz en mL et le tout en quelque chose qui ait vaguement du sens sur un verre gradué. Convertir des Fahrenheit en Celsius. Plusieurs fois. Le tout pendant que sur messagerie instantanée un ami cher mais lui aussi légèrement alcoolisé décrit en long, en large et en travers les qualités du saxophoniste ("smoking hot, darling, he's SMOKING HOT. And did I mention he plays the sax?") qu'il est en train de regarder jouer.

J-1, 22h30. Ajouter de la crème au fromage frais et s'émerveiller de cette ode au gras qu'est le cheesecake.

J-1, 23h30. Aller se coucher en mettant un réveil à 1h30 pour sortir le gâteau du four où il repose, le tartiner de glaçage et le mettre au frigo.

J0, 16h. Se dire que tiens, un coulis de framboises, ça irait bien avec le cheesecake, non ? Et ça tombe bien, y a des framboises au congélo.

J0, soirée. Déballer le cheesecake avec cérémonie (et moult précautions oratoires). Couper la première part. Servir sans qu'elle ne s'effondre trop. Couper quelques parts de plus. Les servir. Déguster. Alléluia !

Mise au propre, la recette ressemble à ça :

Pour la pâte :

  • 125g de spéculoos (i.e. 15 biscuits, i.e. de quoi faire 1 cup = 1/4 L de miettes de spéculoos), réduits en miettes au rouleau à pâtisserie ;
  • 2 cuillères à soupe de beurre doux fondu.

Recouvrir le fond du moule à manqué de papier sulfurisé. Mélanger les miettes de spéculoos au beurre fondu. Presser le mélange contre le fond du moule pour faire la pâte. Faire cuire 10 minutes à 160°C. Sortir du four et laisser refroidir pendant la préparation de la garniture. Monter la température du four à 200°C.

Pour la garniture :

  • 600g de fromage frais type Philadelphia ;
  • 150g de sucre ;
  • 3 œufs ;
  • 2 cuillères à soupe de farine ;
  • 1/8L de crème fraîche ;
  • de la vanille.

Battre le fromage frais (officiellement : dans un robot ménager en utilisant les batteurs ; dans ma version : au fouet électrique en utilisant les crochets pétrisseurs ; dans les deux cas, doucement ; éventuellement : à la spatule).

Ajouter le sucre et continuer de battre.

Ajouter la farine, battre encore un coup.

Remplacer les batteurs / crochets pétrisseurs par des fouets (ou un fouet à main, après tout).

Ajouter les œufs un par un.

Ajouter la vanille.

Ajouter la crème fraîche.

Le mélange doit être aéré et homogène.

Verser le tout sur la pâte.

Mettre au four 10 minutes. Baisser la température du four à 120°C pour 25 minutes de plus.

À ce stade, la garniture doit être relativement prise et trembloter quand on agite un peu le plat. (Si ce n'est pas encore pris, cuire plus longtemps, je suppose.)

Éteindre le four. Laisser le gâteau reposer pendant deux heures.

Glaçage
Mélanger de la crème fraîche, du sucre et de la vanille en quantités aléatoires selon votre goût. Étaler sur le gâteau.

Recouvrir le gâteau de papier alu (en faisant en sorte de ne pas toucher le glaçage). Laisser reposer au frigo, longtemps (6-8h minimum).

Coulis de framboise
Euh, mettre du sucre dans un peu d'eau, porter à ébullition pour faire un sirop, rajouter les framboises, bien touiller, faire passer le tout au tamis, récupérer le jus. Des quantités, quelles quantités, quoi des quantités ?

Recette bonus
La réaction de ma maman au récit de ces péripéties : « Et sinon, tu fais un fond de tarte, tu garnis d'un mélange fromage frais, sucre et œufs en battant bien les blancs, tu cuis ça comme une tarte, et ça fait une tarte au fromage et c'est fort bon. »