Acte I

Scène 1. Chez ma gynécologue. J'explique que je viens pour parler de contraception. Elle sourit. Je me suis un peu renseignée, et j'envisage un dispositif intra-utérin. Son sourire se fige.

« C'est que vous comprenez, c'est peut-être un peu tôt... et on n'en pose qu'aux femmes dans une relation monogame stable... parce que vous comprenez... ça augmente le risque d'infection, alors si on change de partenaire... »

Ah.

Je me sens dans une relation monogame stable, mais apparemment mon ressenti n'est pas suffisant, ou je l'exprime mal.

J'envisage d'expliquer que, meuf, je suis tellement monogame que j'ai plutôt l'habitude d'être nulligame, mais quelque chose me dit que ça ne va pas servir ma cause.

« Je préfère vous prescrire un contraceptif oral... et qu'on refasse le point dans six mois. »

Ah. D'accord. Je crois.

Je repars l'oreille basse, mes ordonnances au fond de mon sac.

Scène 2. Au téléphone. « ... mais tu vois, elle m'a forcé la main... la pilule, c'était bien quand j'avais dix-huit ans, mais là, ça fait des années que j'ai décidé que je n'en voulais plus, et je me souviens de mon sentiment de libération quand j'ai jeté la dernière plaquette... les effets secondaires, quand même, de la prise de poids à la baisse de libido en passant par l'acné, la liste est longue comme mon bras, j'ai un peu peur d'en avoir au moins un... et puis c'est pas toi qui va devoir te souvenir de prendre un médicament tous les soirs à la même heure, c'est pas une contrainte que j'avais envisagée, j'en voulais plus, moi, de ça... »

Acte II

Je prends doctement ma pilule. Après une ou deux semaines, j'arrête même de râler dans mon for intérieur.

Acte III_

Chez le médecin. « Je suis venue vous voir parce que je me sens déprimée. Je pleure pour un rien, je suis très irritable, je n'ai envie de rien faire, je n'arrive pas à me motiver, j'appréhende les interactions sociales, je me sens très fatiguée. »

Le médecin fait un point. Travail, famille, relation sentimentales... Tout va bien.

— « D'ailleurs, je me demandais si ça pouvait être lié à ma contraception... »
— « Oh je vais vous arrêter tout de suite, pas la peine de chercher plus loin. Enfin, bien sûr, vous avez le droit d'avoir d'autres raisons d'être déprimée, hein, mais là, c'est un grand classique. »

Épilogue

À venir, mais en attendant, j'arrête cette pilule et j'en veux un chouïa à ma gynéco.

Morale : La pilule, c'est une invention formidable pour plein de raisons, mais il n'en reste pas moins que les hormones, c'est pas mal compliqué.

À titre informatif : Ma doc s'attend à un rétablissement complet en 5 à 10 jours, et me précise que rien n'indique qu'un autre contraceptif oral me fasse le même effet et que ça vaut tout à fait le coup d'en tester d'autres.