The girl of the hour
Des étudiants attentifs, qui posent des questions pertinentes, s'intéressent aux exercices, et me remercient en partant (je vous ai dit que ceux que j'avais eu tout l'automne m'ont offert une luxueuse boîte de chocolats pour me remercier de la qualité de mon cours ?).
Une invitation à passer quelques jours au bord de la mer en Italie à causer boutique avec une brassée d'experts triés sur le volet.
Le travail minutieux des nuances, à la chorale, et le plaisir d'enfin sortir un piano pas trop dégueulasse.
Les lettres, les messages, les coups de téléphone, les meilleurs vœux d'anniversaire.
Le plus joli cadeau de tous, qu'il n'y ait eu le 7 janvier « que » la mort d'un type suffisamment allumé pour s'attaquer à un commissariat probablement déjà relativement sur les dents armé d'une hache et d'une fausse ceinture d'explosifs à déplorer.
Le train à l'heure, plutôt vide, calme.
Un concert d'anniversaire, vers le fond d'une salle pas très pleine. Excellente acoustique (un peu trop même en ce qui concerne le piccolo ; aïe), programme mitigé de deux perles (Bernstein et de Falla) et d'une douche froide (Walton. Qui donc ? Voilà. Un type qui a mis tellement de technicité dans son concerto pour violon qu'il n'y restait pas beaucoup de place pour grand chose d'autre. Je m'en suis endormie, pendant le deuxième mouvement[1]), excellente compagnie.
Le goût retrouvé de la galette à la frangipane.
Un week-end spécial et puis pas tant que ça : musique, bonne bouffe, mots-croisés, tasses de thé, promenades et douceur.
Le rire perlé de ma grand-mère.
Un exposé très bien reçu, malgré l'effet « immersion en milieu hostile » qui m'a donné envie de me carapater lorsque je me suis retrouvée (a) entourée de mecs en costards (le premier à ouvrir la bouche a réussi à sortir « digital » au lieu de « numérique » en moins de deux minutes, et après on s'étonne que j'aie des préjugés); (b) dans une assemblée à 90% masculine. J'y suis relativement habituée et souvent indifférente, mais là, au milieu d'inconnus, j'avais beau être invitée en tant qu'experte pour un exposé de, disons, semi-vulgarisation, j'ai ressenti qu'il me faudrait montrer que j'avais bien ma place dans cette assemblée. Heureusement cette impression s'est atténuée aussitôt identifiée, et on m'a ensuite poursuivie de questions jusque dans le métro.
Le chocolat qui fond doucement sur ma langue.
C'était une bonne semaine d'anniversaire.
Note
[1] Le bassoniste soutient que c'était pendant le premier, mais je pense qu'il n'a pas très bien suivi non plus. J'ai pensé qu'il m'en voulait de m'être endormie, en fait il se faisait lui-même suer comme un rat crevé.