American Rhapsody
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lundi 28 mai 2012
in Trav'lin' Light

Le Retour

« C'est ton premier retour aux États-Unis ? Tu verras, ça va être fabuleux ! » m'avait annoncé avec les yeux qui brillent un ami, lui-même tout juste de retour d'un de ses nombreux voyages en Californie depuis le séjour post-doctoral qu'il y a passé.

Il avait, bien évidemment, entièrement raison.

Je suis retournée en Californie, où j'ai goûté le plaisir de me balader sur mon campus plutôt que de courir d'un point à l'autre et de me sentir plus détendue que dans aucun de mes plus récents souvenirs de là-bas.

P1070371c.JPG Le bananier du centre commercial juste en face de l'université.

J'ai renoué avec les traditions : déjeuner au pub du vendredi, suivi d'un medium coffee of the day au coffee shop juste derrière le département d'informatique et d'une après-midi de boulot ; barbecue avec le labo, avec ses burgers de bison, la tarte faite par un des thésards, et sa partie de bocce ; sortie tango le mercredi soir, et Lindy le vendredi, à laisser mes cavaliers me rappeler ce qui exactement me manque tant dans le fait de ne plus danser.

P1070565c.JPG Moonmad, Max Ernst, Hirshhorn Museum, Washington D.C.

Les choses ont bien évidemment changé ; de nombreux amis ont déménagé, d'autres ont des enfants nés au moment de mon départ, certains célibataires avérés sont maintenant en couple (dont les amis qui se sont rencontrés à ma soirée d'adieu). Mais la ville elle-même est immuable ; un nouveau restaurant a remplacé le loueur de vidéos et c'est à peu près tout.

P1070638c.JPG New York, NY

J'ai aussi revu Boston, où j'ai retrouvé Chef et une amie rencontrée en Allemagne ; Chicago, où je me suis baladée avec la même amie qui m'avait fait découvrir Millenium Park lors de ma première visite ; Washington D.C., où j'ai maintenant deux couples d'amis qui habitent ; et New York, avec un ancien thésard du labo où j'ai fait mon master recherche, tout un groupe fraîchement déménagé de mon campus allemand, et le type qui m'invitait, rencontré en décembre en Espagne.

P1070433c.JPG Boston, MA

J'ai passé du temps avec des gens que je n'avais pas vus, pour la plupart, depuis un an et demi, mais qui connaissent encore suffisamment mes goûts pour me recommander une bière, se souviennent que je ne suis pas une grande fan de sushi, savent comment je prends mon café, et me font écouter des trucs qu'ils savent que je vais aimer.

J'ai donné quatre exposé, rencontré une dizaine de collaborateurs potentiels, bossé depuis le moindre coin de bureau, traversé neuf aéroports différents.

P1070514c.JPG The Bean, Chicago, IL

J'ai parlé anglais quasiment vingt-quatre heures sur vingt-quatre, j'ai apprécié de ne pas avoir à me creuser la tête à chaque interaction avec une caissière, une vendeuse, une serveuse, ou une voisine d'avion, j'ai souri en entendant certains accents, en retrouvant certaines expressions, j'ai réintégré like, awesome et for sure à mon vocabulaire. J'ai repris de vieilles habitudes, payer en dollars, me souvenir qu'une taxe sera ajoutée au prix affiché, demander un doggy bag (enfin, une boîte, quoi), penser à l'heure qu'il est en Europe, écouter NPR, faire semblant de m'intéresser au basket, me tartiner de crème solaire comme à l'époque où c'était une rubrique à part entière dans mon budget (j'ai quand même cramé, et quand même eu de l'eczéma). J'ai déambulé dans les rayons de Trader's Joe en me souvenant du goût qu'avaient les produits de nouveau sous mon nez, j'ai fait le plein de restos mexicains, de yaourts glacés et d'India Pale Ales, j'ai pointé du doigt les colibris et les écureuils, j'ai pris des photos des palmiers, des eucalyptus et des bougainvillées.

P1070544c.JPG Aux Stazunis, même les écureuils se nourrissent de frites

J'ai ri aux éclats, serré des tas de gens chouettes dans mes bras, dansé, donné à fond dans l'enthousiasme californien et l'abus de points d'exclamation, posé devant le Picasso au coin de Washington et Dearborn.

P1070471c.JPG The Picasso, Chicago, IL

Je ne me suis pas mise en colère quand j'ai vu ce que le système éducatif devenait en Californie, quand l'université que je visitais dans l'Indiana a fait la Une des journaux pour le procès qu'elle fait à l'État qui la force à inclure la pilule dans la couverture santé qu'elle propose à ses employés, quand un type gueulait que seul Jésus pouvait laver nos péchés, quand on m'a dit que 25 jours de congés par an, c'est quand même largement trop. Je n'ai même pas passé par la fenêtre de la voiture l'amie de mes amis après qu'elle ait déclaré que les impôts, dans ce pays, c'est du viol. J'ai dit à mes anciens collègues un truc qu'ils n'avaient jamais entendu, que je préférais avoir un poste moyen dans une université médiocre à un super poste dans une des meilleures universités si ça voulait dire que j'aurais aussi le temps d'avoir une vie personnelle.

P1070538c.JPG Plage sur les bords du Lac Michigan, MI

C'était fabuleux. Ce pays me manque, beaucoup, et pourtant quand un chercheur d'un des plus prestigieux institut de recherche New-Yorkais, un de ceux qui ont accès à des données qui me font baver, m'a demandé si je considérerais un poste dans son département, je n'ai pas hésité une seule seconde avant de lui répondre : « non, je reste en Europe ».

dimanche 6 mai 2012
in Stormy Weather

Un joli dimanche de mai

L’Allemagne a découvert, au lendemain du premier tour des élections présidentielles, l'existence de François Hollande. Mieux vaut tard que jamais, me diras-tu, mais la certitude que la communauté internationale avait jusqu'alors de la réélection du président-à-sortir me donne froid dans le dos. Et surtout, mes collègues de Munich (dont quelques docteurs en médecine bavarois dont, sans vouloir tomber dans des stéréotypes crasses, je ne suis pas certaine de vouloir connaître les vues politiques en détail) se sont soudainement empressés de s'enquérir de mon analyse ô combien éclairée de la situation politique française, ce qui a rendu cet entre-deux-tours encore plus douloureux que nécessaire.

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dimanche 22 avril 2012
in All Of Me

Aujourd'hui je renonce à

1. comprendre comment des expats peuvent voter Front National ;
2. prétendre que je vais arriver à cocher le moindre item « Travail » sur ma toudouliste avant de reprendre le train pour la Bavière ;
3. ...

Je suis pas très forte en renoncements, en fait.

Même les soirées kaffee & kuchen - ciné - verres - promenade au bord de l'eau avec un garçon charmant (gauchiste, quadrilingue, culturé, la totale) dont le cœur est pris ailleurs (loin, mais pris), je renonce pas, alors que clairement, je vais me faire mal. (Mais puisque je te dis que juste potes, ça me va, et qu'elles sont bien, ces soirées.)

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui en cent mots, un bref épanchement, et le coup de blues du dimanche.

samedi 14 avril 2012
in Trav'lin' Light

Aujourd'hui sacs

J'ai un aller pour Los Angeles et un retour depuis New York ; un Los Angeles - Boston et un Boston - Chicago et un Chicago - Washington D.C. ; les tarifs et horaires des trains de D.C. à New York.

J'ai un aller-retour pour Barcelone.

J'ai, enfin, deux allers-retours pour Munich[1].

J'ai fait deux piles de mes papiers, une de mes livres, et un sac du thé et des bricoles qui traînaient. Bientôt Cobural transférera le tout dans les cartons de déménagement, direction nos nouveaux bureaux.

Il ne me reste plus qu'à faire mes valises.

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui en cent mots hors notes de bas de page.

Notes

[1] ou, plus précisément, bureaucratie oblige, un aller-retour pour Munich et un aller-retour depuis Munich qui devrait me permettre de venir accomplir mon devoir civique le week-end prochain

samedi 14 avril 2012
in 'S Wonderful

Aujourd'hui sacs — Version alternative

Ceux qui sont fouillés, systématiquement, brutalement, par les types de la Stassi chaque fois que Barbara échappe quelques heures à leur surveillance.

Celui que son amant lui donne, des cigarettes de l'autre côté du Mur.

Celui, unique et si petit, qu'elle prépare, avec l'argent dans une poche étanche, de quoi payer un passage à l'Ouest via le Danemark.

Si vous avez l'occasion de voir Barbara de Christian Petzold avec Nina Hoss : courez-y. Je ne peux que vous souhaiter que les quelques dialogues qui m'ont échappé soient à la hauteur du reste du film.

366 réels à prise rapide — Aujourd'hui en cent mots, un compte qui tombe aussi juste que la moindre des scènes de Barbara. Ours d'Argent du meilleur réalisateur, et on comprend pourquoi.

jeudi 12 avril 2012
in 'S Wonderful

Aujourd'hui moment professionnel

C'est l'amorce d'hier mais : aujourd'hui mon premier étudiant en master a mis la touche finale à son mémoire.

Y a pas à tortiller, « Supervisor: Dr. Krazy Kitty », ça en jette, sur une première de couverture.

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui en moins de cent mots, parce que champagne. Enfin, Kilkenny, et sans le joyeux (futur) maître.

mardi 10 avril 2012
in 'S Wonderful

Aujourd'hui tout ce qui brille

Les larmes dans mes yeux, une goutte de pluie (puisque je te dis que c'est de la pluie) sur ma joue. Ce n'est pas le train vers lequel je m'avance, valise d'une main Melnitz dans l'autre, mais l'histoire, une histoire mêlée d'Histoire, avec un titre pareil et écrite par un Lewinsky, tu penses.

Dans le même style — « d'apparence musulmane » —, sans les fous rires ni (Dieu garde) les passages qui sont comme quand ta bubbeh raconte, L'Invention du Sauvage.

Je recommande chaudement, pour une après-midi joie-de-vivre entre amies.

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui en cent mots et quelques ellipses.

mercredi 4 avril 2012
in All Of Me

Aujourd'hui ceux que l'on porte

Ceux que l'on porte dans nos cœurs.
Ceux que l'on porte dans nos mémoires.
Ceux que l'on porte dans nos veines, dans notre sang, dans nos gènes.
Ceux que l'on emporte avec nous, parfois bien malgré nous.

Sujet de la conversation du jour dans mon bureau, doigts serrés sur des tasses de thé fumant, entre expatriés au long cours tout en inébranlable loyauté, amour inconditionnel et blessures mal cicatrisées.

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui en moins de cent mots, parce qu'un regard, un sourire, une inspiration brusque, valent largement les vingt-sept (âge en années, tiens donc, de chacun des interlocuteurs concernés) qui manquent à l'appel.

mardi 3 avril 2012
in All Of Me

Aujourd'hui ce que l'on porte

Sur mes épaules : une veste de laine brune ; un léger sac à dos, contenant mon agenda, divers sous et papiers, et La nobile arte dell'insulto ; la responsabilité de rassembler les bouts libres[1] du projet du mon Padawan.

Sur ma figure : une indispensable paire de lunettes ; un peu d'ombre à paupières, inexplicablement ; un grand sourire alors que je fais rebondir des idées[2] sur un collègue dont je veux picorer le cerveau[3] à propos d'un projet dont je réalise qu'il me lasse moins que je le croyais ; une certaine lassitude à constamment passer d'une langue à l'autre.

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui en cent mots, hors notes de bas de page.

Notes

[1] tie up loose ends

[2] bounce ideas

[3] pick his brain

vendredi 30 mars 2012
in Trav'lin' Light

Aujourd'hui je pourrais écrire sur ma tête

« Fatiguée ».

D'ailleurs, c'est comme si ça l'était déjà, si je m'en fie aux questions de Cobural, juste ce qu'il faut d'inquiétude dans la voix pour que je lui réponde au lieu de lui jeter un feutre à tableau à la figure.

C'est les déplacements, que je lui dis. Tous les vœux de faire de beaux voyages que j'ai reçus pour 2012 semblent se retourner un peu contre moi.

J'étais à Rome au début du mois ; je reviens de Londres. Entre temps j'ai été, à chaque fois, quelques jours à Paris. Je retourne en France jeudi prochain, pour Pâques.

Il semblerait que j'aille passer trois semaines à travailler à Munich, du 16 avril au 4 mai. Entre temps il me faudra rentrer un week-end ici, ne serait-ce que pour voter au premier tour des élections présidentielles (ironie du sort, j'ai eu peur de devoir me déplacer au Consulat... de Munich pour voter avant d'apprendre l'existence d'un bureau de vote français dans ma ville même).

J'ai pris mes billets d'avion pour les États-Unis. J'y serai du 7 au 25 mai. Californie, Massachusetts, Illinois, Indiana, D.C., Virginie, New York. Quatre ou cinq exposés, des réunions de boulot, quelques jours de vacances aussi, une liste longue comme le bras de gens à voir, même si la plus chouette des filles de tout le continent américain, celle avec laquelle j'écumais les boîtes de tango et buvais des litres de thé ou des bouteilles de prosecco en refaisant le monde, sera en Europe juste à ce moment-là pour renouveler son visa, nos retrouvailles avortées victimes des tarifs des compagnies aériennes.

J'enchaîne avec de vraies vacances, une petite semaine à Barcelone pour Primavera.

Après mon retour, il est possible qu'on me renvoie à Munich. J'ai un week-end obligatoire à Paris (c'est horrible, on me force à aller à une boume de trente ans). Et puis la petite sauterie, là, sur le Lac de Constance, avec les prix Nobel de physique.

Pauvre chérie, tous ces voyages !

Ne nous y méprenons pas : ces voyages me ravissent. Ces voyages me ravissent, mais ils me fatiguent. Ces voyages me ravissent, mais ils coûtent de l'argent, suffisamment au vu des délais de remboursement de mes frais professionnels pour que jongler avec mon budget ne soit en ce moment pas de tout repos. Ces voyages me ravissent, mais même ceux que je fais pour des raisons professionnelles entravent les progrès de mes projets déjà chancelants.

Donc : « fatiguée ».

Je vais aller dormir dix heures de rang, et puis ça ira mieux demain. N'est-ce pas ?

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui en beaucoup plus de cent mots ; ça faisait longtemps que je n'avais pas participé.

Je lis

Surtout des polars. À l'occasion, des romans de fantasy loufoque, du théâtre, de la littérature chinoise traduite en italien (j'ai des amis formidables), des vrais livres bien écrits.

J'écoute

of Montreal, Caravan Palace, the Ditty Bops, Dango Reinhardt, the National, Minor Majority, Léo Ferré, Beethoven, Sonny Rollins, Laura Marling, Erlend Øye, Hjaltalin, Sufjan Stevens, Yuri Bashmet. Entre (nombreux) autres.

Je suis

occupée ouh là beaucoup très très, enchantée par Oscar Wilde (One should always be a little improbable), vaguement improbable, toujours aussi liberté, égalité, schtroumph 1er (merci Plantu).

Pensée profonde

"Partir, c'est mourir un peu. Mais mourir, c'est partir beaucoup."
[Alphonse Allais]

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