Et un raton laveur
Vendredi soir, dans l'appartement situé au rez-de-chaussée de mes copains R et T, vers la fin de la soirée qu'ils ont organisée pour les fêtes, à grands renforts de musique appropriée, lait de poule, rhums-canneberge-gingembre, pop-corn caramélisé, cookies et apple cider (une sorte de jus de pomme non filtré, auquel on rajoute des épices, mais qui n'est pas alcolisé et ne mérite donc pas le nom de cidre en français), sans parler du white elephant (un jeu qui permet de s'échanger des cadeaux généralement peu chers et tout aussi peu utiles) qui m'a permis de remporter un gros pavé à lire dans mes longues soirées d'hiver.
La plupart des (nombreux) invités sont repartis et il ne reste que huit ou neuf d'entre nous. T a libéré le chat qui était enfermé dans la chambre afin de ne pas se faire marcher dessus, la conversation va bon train et je gratouille distraitement l'énorme matou derrière les oreilles. Le fauteuil à bascule sur lequel je me balance vaguement est dos à la porte-fenêtre et le chat observe le monde extérieur.
Tout d'un coup, le chat se met à feuler. Surprise, je retire ma main en me demandant ce que j'ai bien pu lui faire et regarde le chat, qui ne s'arrête pas pour autant, et au contraire se met à émettre des sons gutturaux. Il fait nuit noire dehors et le reflet du chat dans la fenêtre est parfait ; je demande donc à R si son chat a l'habitude de se battre avec son propre reflet. Non me dit-elle. Tout le monde s'intéresse à la scène, et au cri de « Un raton laveur ! C'est un raton laveur ! » poussé par K qui a un meilleur angle que moi et voit effectivement dehors, se précipite sur la porte vitrée.
Huit humains, un chat en train de feuler et de jeter sa patte sur la vitre, et le raton laveur ne bouge pas d'un poil. Poils qu'il a fort nombreux d'ailleurs.
Il est énorme. Une bonne partie de sa taille est dûe à ses poils, mais il n'en n'est pas pour le moins imposant. R retire le chat qui se jette de toutes ses forces sur la fenêtre en criant, et T s'arme d'un balai pour aller chasser l'intrus, suivi d'un des gars qui veut prendre une photo. Les autres grands costauds de la pièce s'affolent : les ratons laveurs sont hargneux, et si celui-là était enragé !
T revient victorieux, l'intrépide photographe est fier de sa prise (les yeux de la bête, pris dans le flash, flamboient), et L ferme le store : on ne saura pas s'il est revenu ou pas.
Je refuse de rentrer seule chez moi. Il y a des ratons laveurs qui rôdent !
Note de service Il est probable que fort peu de choses se passent sur ces pages d'ici au 2 janvier, date de mon retour dans les Zamériques. Vacances ! (Occultons, s'il-vous-plait, les cinq pages d'instructions détaillées que je me suis écrites à moi-même afin d'avancer dans ma recherche pendant lesdites vacances, ainsi que les trois rapports que j'espère finir dans l'avion demain.)