Non, ce que je déteste, c'est les aéroports. J'arrive toujours à trouver un certain charme aux gares, malgré les adieux, et les bagages, et les gens pressés, et les gamins qui crient, et les courants d'air, et la frustration des retards, parfois. Les aéroports, non. Les aéroports grouillent de monde et je m'y sens toujours extrêmement seule. La plupart des gens, moi comprise, se sont levés trop tôt, souffrent du décalage horaire, manquent d'air frais, et s'emmerdent royalement. Il faut attendre au guichet, attendre pour passer la sécurité, se dépêcher de se débarrasser de ses chaussures, liquides, ordinateur portable, veste, puis de les récupérer, puis attendre l'heure de l'embarquement, puis attendre que le couloir soit suffisamment dégagé pour s'installer, puis attendre de décoller.

Dimanche dernier, je partais pour Tampa. Orange County - Dallas, Dallas - Tampa, tout bien prévu, même deux heures et demie entre les deux avions que je me demandais comment occuper. Ça a mal commencé quand je me suis réveillée avec un rhume des foins catastrophique ; je suis arrivée à l'aéroport les poches déjà pleines de mouchoirs usés et groggy sous l'effet des anti-histaminiques. Ça a vraiment mal tourné quand l'avion a refuser de décoller. Un senseur défectueux, nous a-t-on dit. Pourquoi ce serait le senseur et non pas ce qu'il détecte qui serait défectueux, je n'en sais rien. On a ré-essayé de décoller. Plusieurs fois. J'ai perdu le compte, je dormais à moitié, merci les anti-histaminiques. On est retourné à la porte d'embarquement. Quelqu'un a bidouillé quelque chose. On a ré-essayé. Peine perdue. Retour à la porte d'embarquement. Attente. Attente. Attente. Finalement, on nous a autorisés à descendre de l'appareil et essayer de trouver une meilleure solution au comptoir. Tant mieux, en un sens, je commençais à ne pas lui faire confiance, à cet avion.

Il a fallu faire la queue de nouveau, trouver une solution, puis récupérer nos bagages pour mieux les réenregistrer sur leur nouveau trajet. Je savais que mon vol pour Tampa était le dernier et qu'il me serait impossible de l'attraper. Ils m'ont fait dormir à Dallas, dans un hôtel de luxe qui ne se mouchait pas du coude (un Westin, pour tout dire. Je ne sais pas quel était le prix de la chambre, mais à mon avis ils auraient pu inclure sans mal l'accès internet, de l'eau froide au robinet, et des murs suffisamment épais pour m'éviter l'impression que les gens d'à côté se douchaient dans mon lit.) Décollage, cinq heures plus tard que prévu.

Résultat des courses, dix-sept heures de retard, pile celles que je pensais passer à dormir dans le lit qui m'attendait en Floride et avancer mon boulot dans des conditions un peu raisonnables. Plus une oreille bouchée par la dépressurisation et la migration de mon rhume depuis mon sinus dans mon conduit auditif. Je tousse, je me mouche toutes les cinq minutes, j'ai les yeux d'un lapin albinos, et je suis d'humeur charmante.

Vendredi, je revenais de Tampa. Arrivée un peu chaotique à Dallas, en raison des turbulences sus-nommées, celles en raison desquelles les hôtesses sont restées assises avant l'atterrissage. Évidemment, la tempête ne faisait que commencer. Impossible de décoller, impossible d'atterrir, notamment pour l'appareil qui devait ensuite faire la partie Dallas - Orange County de mon trajet. On annonce une heure de retard. Puis une et demie. Puis trois. Puis quatre. Puis cinq. A chaque fois, on nous fait changer de porte d'embarquement. C26, C35, C4, C6, C21. Tout le monde est dans la même panade, l'aéroport grouille de gens paniqués par le retard qu'ils sont en train de prendre, tout le monde est au téléphone ou à envoyer des textos. On se bat pour les prises électriques, il n'y en a vraiment pas beaucoup. Tout le monde est épuisé, tout le monde en a marre, on ne peut même pas se plaindre de l'incompétence des compagnies aériennes, ils n'y peuvent pas grand chose pour cette fois. Au final, six heures et demie de retard. Dommage pour les réunions que j'avais prévues dans l'après-midi, après suffisamment de temps pour une douche et quelques courses pour regarnir le frigo.

Heureusement, le workshop en Floride était vraiment excellent, les gens extrêmement sympathique et la plage fort accueillante (sans parler du prix de la Guinness à la pression), et j'ai passé quatre jours formidables malgré ma rhinite allergique (ça m'a pris deux jours avant d'entendre de nouveau des deux oreilles). Même si je vous avouerai, entre nous, être un peu jalouse de tous ceux (et ils étaient nombreux) qui retournaient vers leur amoureu[x|se] et un chouette labo européen plutôt que vers leur souris en peluche et un labo certes super chouette mais pas forcément bien situé.

D'un autre côté, il a fait un grand soleil et 35°C aujourd'hui, ce n'est pas à Cambridge, Paris, Amsterdam, Berlin ou Tübingen qu'ils peuvent en dire autant.