American Rhapsody
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dimanche 17 février 2013
in 'S Wonderful

Back on the dance floor

Ein zwei drei... five six seven!

Il n'y a pas que moi qui ai des difficultés a réconcilier l'allemand et la salsa : manifestement, le prof aussi. C'est mon premier cours en Germanie. L'ambiance y est bien plus décontractée qu'en Californie, où je trouvais la communauté imbibée d'un machisme repoussant. Je refais connaissance avec les pas de base, sourire aux lèvres. Soirée dansante après le cours : deux bachata, quelques frisques cavaliers qui me font virevolter sur la piste de danse... je crois bien que je reviendrai.

Obsolètes à prise rapide, sur une idée de Franck, collectés ici par le même. Le 17 février : frisque.

samedi 16 février 2013
in Salt Peanuts

Lendemains de fête

Il n'est pas surprenant que mon corps se rebelle après une longue semaine de travail intense, conclue en point d'orgue par l'envoi peu après minuit de la dernière version de notre article, dur labeur à quatre têtes à travers huit fuseaux horaires. Le réveil, après six pauvres heures d'un sommeil chaotique entrecoupé de moments de demi-sommeil dans lesquels mon cerveau tentait de déconstruire l'argument de la Section 4.2 ou de trouver une nouvelle application qui démontrerait toute la brillance de notre méthode, fut difficile. Après tout ce temps passé à m'accrocher à l'espoir de la journée grandiose que serait celle d'après la fatidique date limite, me trouver ce matin avec toute l'énergie d'une serpillière humide et un régiment de percussionnistes roulant des tambours contre mon crâne dans un appartement crasseux a manqué de me précipiter dans les sables mouvants de l’apitoiement sur ma misérable existence. Heureusement, un CD de boogie dédicacé par les copains qui l'ont enregistré, deux tasses du fabuleux thé russe offert par une amie et quelques échanges de badineries sur la Grande Toile Mondiale ont suffit à me ramener sur le rivage de ces syrtes-là.

Obsolètes à prise rapide, sur une idée de Franck, collectés ici par le même. Le 16 février : syrtes.

dimanche 3 février 2013
in 'S Wonderful

Trois petites notes de musique

C'est enfin l'heure. Sur un signe de tête de l'organisatrice, j'interromps le léger bavardage qui résonne dans les coulisses d'un joyeux « Bereit![1] » avant d'ouvrir la porte côté cour et de m'avancer dans le labyrinthe de chaises, pupitres et arrêts de piques. « Viel Spaß![2] » me glisse la chef de pupitre en prenant place à mes côtés.

Instrument contre la poitrine et archet pointant vers le sol, je laisse mon regard errer sur le public. J'évite de faire trop attention aux auditeurs pour épargner mes nerfs... peine perdue, une tâche céladon m'attire l'œil : un ami vêtu d'un pull superbe dans ce coloris me fait coucou de la main.

Enfin, l'orchestre est sur scène. Les lumières sur la salle s'éteignent, et la chef fait son entrée suivie de la pianiste, toute vénusté dans une magnifique robe grise. Nous faisons semblant de nous accorder[3] ; la chef fait le silence, nous adresse un grand sourire et un « pa-paam-paam-paam » silencieux pour nous signifier le tempo, et lève sa baguette.

Les quarante-cinq minutes qui suivent passent en un clin d'œil. La pianiste est grandiose, les bois virtuoses, et les cordes au taquet comme jamais sur la dynamique. Quarante-trois instrumentistes qui respirent ensemble et attaquent la corde simultanément, c'est un mini-miracle dont je n'arrive pas à me lasser.

A l'entracte, quelques fesse-mathieu à l'approche encore tristement scolaire trouvent bien à s'indigner contre le premier violon solo qui nous a fait démarrer une mesure trop tôt après la lettre T dans le dernier mouvement, mais je préfère en taper cinq avec ceux qui arborent un grand sourire d'avoir fait de la musique aussi jolie.

Quatre heures, une symphonie, un psaume et un quelques bières plus tard, les paupières lourdes, je m'extrais à regret d'une conversation animée pour rentrer m'affaler dans mon lit.« Heeeeeey ! Tu pars déjà ? On se voit le vingt pour les coups d'archets ! » m'apostrophe le chef du pupitre des violoncelles dans un allemand à l'accent souabe épaissi verre par verre avant de me serrer dans ses bras.

Et comment !

Obsolètes à prise rapide, sur une idée de Franck, collectés ici par le même. Mots du 1er au 3 février : céladon, fesse-mathieu, vénusté.

Notes

[1] Prêts !

[2] Amuse-toi bien !

[3] L'orchestre s'accorde en coulisse. Ça prend environ dix minutes. Sur scène, on vérifie que l'accord a tenu, mais c'est vraiment pour la forme.

mercredi 16 janvier 2013
in Stormy Weather

Le dégoût : Post Scriptum

Comme j'ai du mal à garder la tête froide face à tant de haine et d'hypocrisie (le sentiment d'injustice et la mauvaise foi venimeuse me paralysent, que veux-tu), il y a un certain nombre de choses que j'ai oublié de mentionner dans mon billet d'hier.

Que voici donc.

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mardi 15 janvier 2013
in Stormy Weather

Le dégoût.

Vlan !

Une gifle.

Les larmes que je m'efforce d'empêcher de monter à mes yeux.

L'envie de reculer, de m'accroupir dans un coin sombre, de me recroqueviller sur moi-même.

Je mords ma lèvre.

Je ne pleure pas.

C'est l'effet que me fait le slogan « un papa, une maman, on ne ment pas aux enfants ». A chaque fois.

Quand j'étais petite, j'avais un papa. Vaguement. Et une maman. Beaucoup. Un papa qui, figure-toi, mentait comme un arracheur de dents. J'ai eu de la chance : entre ma maman, qui a fait bouclier, mes rondelles de saucisson sur les yeux, qui sont épaisses, et le fait qu'on se voyait pas tant que ça, je ne m'en suis pas rendue compte avant d'être adulte. J'ai dégusté, mais je me suis relevée, même s'il m'arrive encore régulièrement de trébucher. Comme à chaque fois que trois cent cinquante mille français bouffis d'intolérance déferlent dans les rues de Paris pour me dire que c'est nécessairement mieux, d'avoir un papa et une maman. Et que ce serait de dire aux enfants qu'ils ont autre chose qu'un papa et qu'une maman, que leur famille n'est pas exactement comme dans les livres d'école avec un papa qui travaille, une maman qui fait la cuisine, un petit frère qui joue au fout, une grande sœur qui se maquille, un chien qui joue à la balle et un monospace, qui serait leur mentir.

(Certes, j'ai été élevée essentiellement par une mère célibataire et les résultat sont là : je suis gauchiste, je suis féministe, j'ai un boulot de mec, je suis célibataire et je m'en fous, et il m'arrive même parfois de ne pas me raser sous les bras pendant plusieurs mois d'affilée. Échec sur toute la ligne.)

Je ne peux que m'imaginer que ces coups de genou que je me prends dans les gencives devant chaque pancarte, chaque radio-trottoir, chaque commentaire du Figaro[1], les homosexuels se les prennent au centuple.

Gens qui défiliez dimanche, gens qui passez à la télé pour expliquer que vous n'êtes pas homophobes mais l'homoparentalité, c'est mal, gens qui laissez des commentaires mal orthographiés sur les sites d'information pour dire que le mariage homosexuel, c'est la chute de la civilisation : vous me répugnez. Vous êtes abjects, dégueulasses, intolérants[2], haineux, puants. Non seulement vous êtes trop étroits d'esprit pour pouvoir considérer un instant que les homosexuels soient des gens comme les autres et qu'être élevé par deux personnes du même sexe ne soit pas plus anormal que d'être élevé par une seule personne, ou une famille nombreuse, ou ses grands-parents, ou sa grande sœur, ou une gouvernante, et autrement plus enviable que d'être élevés par des parents absents, qui boivent, qui se tapent dessus, qui tapent sur leurs gamins ; mais en plus vous vous cachez derrière le minable prétexte du bien-être des enfants, et ça, c'est impardonnable. Si les homosexuels sont des gens comme les autres, ce sont des parents comme les autres. Point barre.

Qu'est-ce que ça peut vous foutre, bande de minables, le sexe et la vie sexuelle des gens ? Qu'est-ce que ça peut vous foutre, que quelqu'un ait un pénis ou une paire de seins[3] ? En quoi ça vous regarde, avec qui couchent des gens que vous ne connaissez même pas ? Et qu'est-ce que ça peut bien changer à l'éducation d'un gamin ?

Rien, voilà tout. Rien, à part l'effondrement de vos frontières mentales et du combustible avec lequel vous alimentez votre sentiment de supériorité.

Parfois il m'arrive d'espérer que Dieu existe et que vous brûlerez tous en enfer. Et que vous y serez pédés.

Notes

[1] Oui, je sais, faut pas. Je le fais quand même.

[2] Non qu'il soit mieux d'être tolérant : cela suppose d'une part une certaine grandeur d'âme, de l'autre qu'il y ait quelque chose à tolérer plutôt qu'à accepter avec l'indifférence réservée aux choses les plus absolument banales.

[3] ou les deux, ou ni l'un ni l'autre, mais bon, je doute que vous soyez prêts à admettre que ça existe.

dimanche 13 janvier 2013
in 'S Wonderful

Krazy Kitty cuisine : la brioche d'anniversaire

Ingrédients :

  • 4 oranges non traitées
  • 700 g de sucre
  • 500 g de farine
  • 200 ml de lait
  • 150 g de beurre
  • 4 œufs
  • 1 sachet de levure de boulanger (9 g)
  • 1 sachet de gingembre cristallisé
  • eau de fleur d'oranger
  • la version pas du tout définitive d'un article à rendre sous 48 heures

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jeudi 3 janvier 2013
in Salt Peanuts

Frohes Neues

Et donc, deux mille douze ?

Des engueulades, ma voix brisée d'épuisement. Des moments d'émerveillement, à battre dans mes mains devant de la science qu'elle est chouette. Des heures passées à dresser des listes, ça j'aime bien, ça non pas trop. Des heures passées à lire des descriptions de poste et des projets de recherche en soupirant d'ennui. Quelques rares occasions de soupirer plutôt d'envie, en me disant que ça, c'est un chouette boulot. Clic.

La découverte de Londres. Les rues de New York. Un concert au bord de l'eau à Barcelone au printemps, mes yeux mi-clos dans le soleil couchant. Les remparts de Thessalonique. Un pique-nique près de la rivière, ici en Germanie. Mes pieds nus dans le sable, en t-shirt et jean au bas des jambes remontés, en plein décembre. Moments de... plénitude ? Exaltation ? Sérénité ? Quoi qu'il en soit : clic.

Maladroitement retrouver des pas de tango dont j'avais oublié jusqu'à l'existence. Cette étincelle qui se réveille quand je parle de danse. Quelques pas dans une rue. Le sourire surpris et presque émerveillé d'un cavalier qui découvre que contrairement à ses attentes je suis plus que capable de le suivre dans tous les recoins de son répertoire. Clic (et toc).

De longues promenades sans but. Des petits déj en pyjama. Des litres de thé. Des repas qui deviennent froids pendant qu'on parle. Des heures qui tournent sans qu'on les voie passer. Des cartes postales plein ma boîte aux lettres. Des choses dont on ose enfin parler parce qu'on peut le faire en sécurité. Des convenances dont on cesse de s'embarrasser. Ces gens formidables dont je ne suis pas entièrement sûre de mériter qu'ils soient mes amis. Clic.

Take another picture with your click click click click camera...

Santa Barbara, décembre

Et puisque tu te poses sans doute la question : si j'ai bien compté, 35 trains pas trop locaux ; 22 avions ; 7 pays ; 5 capitales ; et beaucoup trop de valises à faire et à défaire.

Une belle et heureuse année 2013 à toi, cher lecteur qui traîne encore par ici. Qu'elle te soit pleine de belles découvertes, de grands sourires, d'amis solides, et de choses un peu plus prosaïques mais tout aussi fondamentales, comme suffisamment de flouze pour mettre un toît chaud sur ta tête et remplir ton estomac correctement, un boulot qui ne te torde pas les tripes à l'idée d'y retourner demain matin, et une santé de fer pour profiter de tout ça. Et que nous ne regrettions pas trop d'avoir élu François Hollande, aussi, tiens.

mercredi 19 décembre 2012
in Stormy Weather

Rentrer en France

L'Internet francophone, qui se composait aux alentours de 2007 d'environ un tiers de pornographie, un tiers de photos de chats, et un tiers de blogs d'expats, aime à se pencher régulièrement sur la question de l'expatriation hors de France, et à se demander s'ils n'auraient pas raison, tous ces gens qui quittent la France : après tout, c'est un pays pourri.

D'où, récemment, Barrez-vous et David Abiker.

Je ne suis pas partie parce que je trouvais que la France s'acharnait contre les jeunes, qu'elle était détestable, et qu'elle sentait des pieds. Je suis partie, certes aidée par un demi financement de thèse manquant, parce que l'occasion s'en est présentée ; j'avais vingt ans, le labo était fantastique, c'était le moment où jamais d'aller un peu voir ailleurs. J'ai voulu revenir en Europe, sans forcément que ce soit en France, et c'est comme ça que je goûte maintenant à la Germanie.

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jeudi 15 novembre 2012
in Stormy Weather

Trois pourcent des sympathisants FN

... ne trouvent pas qu'il y ait trop d'immigrés en France.
Ou alors ils n'ont pas compris la question, on ne saura jamais.
(Info via Aurélia Dalma.)

Une brève escapade parisienne, histoire de me livrer à quelques obligations et festivités familiales (dans lesquelles il me semble juste, à la réflexion, d'inclure la très réussie soutenance de thèse de ce jeune homme).

Moi, au kiosquier auquel nous achetons d'habitude le journal : « Ah, chouette, vous êtes ouverts aujourd'hui !

— Ah, vous savez, c'est pas terrible en ce moment. Les livreurs, ils livrent à la tête du client, alors nous, vous comprenez (geste désignant sa tête, basanée), on l'est pas toujours. Livrés, ajoute-t-il devant mes yeux ronds.

— Hein ? Mais c'est dégueulasse !

— Oh, bah de toute façon, c'est pas comme si on avait toujours envie d'ouvrir, vu ce qu'on entend. Là, en ce moment, ça reparle de l'affaire Merah, les gens agitent le journal, ils me disent « t'as vu ? t'as vu ce qu'il a fait ton copain ? ».

— ... putain, c'est ridicule. Bon ben voilà Monsieur, 2 euros 50 tout pile.

— Merci Madame, bonne journée à vous.

— Merci bien. Vous aussi ? »

Et sur ce, je me suis barrée, retournant lâchement à ma vie de presque blonde aux yeux bleus et à la peau claire, dans laquelle je peux me permettre en toute tranquillité de regretter de ne pas avoir emprunté aux chromosomes paternels ni les beaux cheveux noirs bouclés, ni la peau mate résistante au soleil.

mercredi 7 novembre 2012

Soulagement

Je fais la plupart de mes commentaires politiques (toujours de haute volée, bien sûr) sur Touitter ces temps-ci, pas comme à l'époque, mais il me semble néanmoins approprié de venir passer un énorme soupir de soulagement ici.

Oublions les queues longues de plusieurs heures, les vices de procédures, la quantité de gens qui ont préféré voter pour le mec sexiste, raciste, homophobe, prolophobe, j'en passe et des meilleures, et levons tous ensemble nos mimosas tasses de café[1] aux quatre années qui s'annoncent.

Ah, et : une volée d'applaudissements pour le Maryland, le Maine et Washington, qui ont su faire ce que la Californie n'avait pas daigné il y a quatre ans... et que la France, ce pays des Lumières, toujours si progressiste, toujours prêt à étaler son progrès social face à ces rustres Américains plutôt que de balayer devant sa porte, a tellement de mal à vouloir.

(Puis à propos de France, tiens, un jour on parlera de ça)

Notes

[1] t'es pas fou, y a école aujourd'hui !

Je lis

Surtout des polars. À l'occasion, des romans de fantasy loufoque, du théâtre, de la littérature chinoise traduite en italien (j'ai des amis formidables), des vrais livres bien écrits.

J'écoute

of Montreal, Caravan Palace, the Ditty Bops, Dango Reinhardt, the National, Minor Majority, Léo Ferré, Beethoven, Sonny Rollins, Laura Marling, Erlend Øye, Hjaltalin, Sufjan Stevens, Yuri Bashmet. Entre (nombreux) autres.

Je suis

occupée ouh là beaucoup très très, enchantée par Oscar Wilde (One should always be a little improbable), vaguement improbable, toujours aussi liberté, égalité, schtroumph 1er (merci Plantu).

Pensée profonde

"Partir, c'est mourir un peu. Mais mourir, c'est partir beaucoup."
[Alphonse Allais]

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