Ça y est, t'as tout bien lu ?

Bon, maintenant tu comprends pourquoi y a une dame, une journaliste, même, elle a lu le truc là-bas, et elle a trouvé que ça collait vachement bien à son sujet sur que deviennent, que deviennent, les valses de Vienneles gamins qui ont passé leur bac un poil plus tôt que les autres. Donc elle m'a contactée, m'a expliqué travailler à 20 Minutes (que quand j'ai lu le mail j'étais pas réveillée et j'ai cru qu'y avait écrit Minute, j'ai failli passer la chose en spam direct ; tu vas me dire, 20 Minutes, c'est quand même pas Le Point ni La Recherche. Arrête d'être snob deux minutes, veux-tu ?), et vouloir causer avec moi.

D'un côté, pourquoi pas. Agade, agade, j'ai eu mon bac à quatorze ans et aucun troisième bras ne m'a poussé ! (Ce qui est d'ailleurs regrettable. Ça valait bien la peine, tiens.)

De l'autre je ne suis pas sûre que ce soit ça qu'elle ait envie d'entendre. Elle évoque dans son mail les « difficultés liées à cette précocité ». La seule difficulté post-bac qui ait un rapport avec mon âge à laquelle je peux penser, c'est que j'ai pas pu passer le concours d'entrée à Polytechnique à la fin de ma deuxième année de prépa parce que j'étais trop jeune. Une tragédie comme on en voit peu !

Et comme je me suis déjà fait interviewer avec des copains par une journaliste de RFI sur le sujet des classes prépas, justement, à l'époque où j'y étais encore, et qu'elle a tout bien arrangé les extraits de nos conversations pour que ça sonne comme elle le voulait (les gens en prépa sont des malades de travail, il y a une compétition horrible entre eux et jamais ils ne s'aèrent le neurone) plutôt que comme on le lui a présenté, je me méfie des journalistes aux idées préconçues.

Entre les deux mon cœur balance, et je lui ai donc répondu avec quelques réserves.

Tout en me disant que j'aurais peut-être dû le passer en spam, ce message...

Mais elle a répondu quand même en disant que c'était bien aussi, que j'aie le bon nombre de bras. Du coup on a passé un petit vingt minutes au téléphone ce matin, et comme elle avait bien fait ses devoirs, elle a bien calé que j'aimais pas les petites boîtes avec des étiquettes dessus, et tout ça c'est bien passé.

Puis j'ai bien rigolé quand elle m'a fait comprendre que quand même, j'aurais pu choisir une carrière plus clinquante (et par là je veux dire sonnante et trébuchante) qu'enseignante-chercheuse. Non mais pour moi, professeur émérite, c'est quand même beaucoup plus chouette que femme d'affaires. Surtout que femme d'affaires, vu comment ça me gonflerait, je serai probablement pas très forte à ce petit jeu là. Et femme d'affaire qui ne réussit pas, c'est tout de même pas Byzance.

Bref, lundi, premier jour du bac, j'aurai un demi quart de citation (ou une page entière, va savoir, mais je penche pour la première solution) dans 20 Minutes. Sous mon prénom, hein, pas sous mon pseudo débile. Si tu ne connais pas mon prénom, tu as vraiment besoin de lire cette F.A.Q. maintenant. Allez, garde-moi une copie, va, que je puisse vitupérer. (Non mais ils ont des archives en ligne je suppose, 20 Minutes, hein ?)