Par exemple, entre deux vidéos à la fois drôles et consternantes de commentateurs politiques pas trop à droite, genre Jon Stewart, Keith Olbermann ou Chris Matthews, les envolées lyriques de mes blogs à connotation politique préférés et les discussions de couloirs, je lis un article du New York Times, sale média libéral (à en croire John McCain, L'Huma ce n'est rien à côté, mais en même temps si John McCain lisait L'Huma, il ferait probablement une crise cardiaque), mais bon vu que même les journaux bien conservateurs appellent au désistement de Palin, c'est pas la peine d'aller se salir les yeux dedans.

L'article est . Oui, la photo est magnifique, non, le mec en arrière plan ne tient pas une arme à feu mais un micro sur perche. Et les occasions de marmonner dans mon absence de barbe ne manquent pas.

Palin Says She Is Looking Forward to Debate

Palin dit qu'elle attend de débattre avec impatience

Et mon fondement, c'est du bouillon de poulet. Elle devrait être morte de trouille. Rien que chez Couric, elle en menait pas large. Mais si ça se trouve, elle est suffisamment sûre d'elle pour ne pas réaliser dans quel pétrin elle est.

“And I do look forward to Thursday night, and debating Senator Joe Biden,’’ said Ms. Palin, whose uneven performance in interviews and unscripted events have sown seeds of doubt in recent days among some conservative commentators who support her.

« Et j'attends avec impatience jeudi soir et mon débat avec le Sénateur Joe Biden », a dit Madame Palin, dont les performances inégales lors d'interviews et d'événements improvisés a semé le doute ces derniers jours parmi certains des commentateurs conservateurs qui la soutiennent.

J'aime bien le fait que l'auteur admette implicitement que ces mêmes doutes étaient déjà semés depuis bien longtemps parmi ceux qui ne la soutiennent pas.

“I’m looking forward to meeting him, too,’’ she said. “I’ve never met him before, but I’ve been hearing about his Senate speeches since I was in, like, second grade.’’

« J'ai aussi hâte de le rencontrer », a-t-elle dit. « Je ne l'ai jamais rencontré, mais j'ai entendu parler de ses discours au sénat depuis que j'étais, quoi, en CE1. ».

Si tu crois qu'on ne te voit pas essayer de faire passer le message qu'il est un vieux crouton... Puis le monsieur est devenu sénateur en... attend je regarde Ouikipède... 1973 (ah ouais quand même, 35 ans de débats au sénat dans la poche, le mec), époque à laquelle Palin avait... 1973 + 44 - 2008, neuf ans, j'espère qu'elle n'était déjà plus en CE1.

“I have to admit, though, he’s a great debater, and he looks pretty doggone confident, like he’s sure he’s going to win,’’ Ms. Palin, 44, said of Mr. Biden, 65. “But then again, this is the same Senator Biden who said the other day that University of Delaware would trounce the Ohio State Buckeyes. Wrong!”

« Je dois admettre cependant qu'il est un grand argumentateur, et il a l'air fichtrement confiant, comme s'il était sûr qu'il allait gagner », Madame Palin, 44 ans, a dit de Monsieur Biden, 65 ans. « Mais d'un autre côté, c'est le même Sénateur Biden qui a dit l'autre jour que l'Université du Delaware allait dédfoncer les Buckeyes d'Ohio State. Faux ! »

doggone ? doggone ? Enfin je sais pas, quitte à parler de façon familière, autant dire goddamn, non ? Ah ben non, peut pas, faut pas blasphémer. Choupette, va. Pas bien. Tout ce qu'elle trouve à dire pour attaquer la perspicacité politique de Biden, c'est qu'il avait dit que son équipe de foot allait gagner et elle a perdu... d'accord. On va dire que c'était une blague.

The top half of the Republican ticket, Senator John McCain, continued to press his new populist themes, saying that the financial crisis was the result of “mistakes made in Wall Street and evil and greed in Washington.”

La tête de liste Républicaine, le sénateur John McCain, a continué de marteler ses nouveaux thèmes populistes, disant que la crise financière était le résultat « d'erreurs faites à Wall Street et du mal et de la cupidité à Washington ».

Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas entendu parler du mal, tiens. (J'essaie de me souvenir de si j'ai déjà entendu parler de ça dans un discours politique français.) Je sais pas, mais moi j'aurais plutôt tendance à parler de conneries faites à Washington et de la cupidité avide pleine de petits doigts crochus de Wall Street, mais je ne suis qu'une sale gauchiste, c'est forcé, je ne comprends rien aux sous.

“Some people have criticized my decision to put my country first, but I will never, ever be a president who sits on the sidelines when this country faces a crisis,’’ said Mr. McCain.

(A propos de sa suspension de campagne pour s'occuper de l'économie la semaine dernière). « Certains ont critiqué ma décision de mettre mon pays en premier, mais je ne serai jamais, jamais un président qui reste assis en touche quand son pays fait face à une crise », a dit Monsieur McCain.

Bouahahahah. Johnny. Johnny. Tu gonfles, là, avec ton pays en premier. C'est quoi, le but, sous-entendre qu'Obama il met les terroristes en premier ? Sans parler du fait que... sérieux. Pour aller t'asseoir sur ton cul à Washington sans ouvrir le bec, t'aurais pu la continuer en même temps, ta campagne. Et si jamais (God forbid) tu deviens président, tu comptes aussi gérer une seule situation à la fois ?

Et je ne peux résister, pour conclure, à citer la transcription du plus beau moment d'éloquence politique de Palin dans son interview avec Katie Couric.

Couric: Why isn't it better, Governor Palin, to spend $700 billion helping middle-class families who are struggling with healthcare, housing, gas, and groceries--allow them to spend more and put more money into the economy--instead of helping these big financial institutions that played a role in creating this mess?

Palin: That's why I say, I, like every American I'm speaking with, we're ill about this position that we have been put in where it is the taxpayers looking to bailout. But ultimately, what the bailout does is help those who are [glances down] concerned about the healthcare reform that is needed [glances down] to help shore up our economy. [glances down] Helping the--oh, it's got to be about job creation, too, shoring up our economy and putting it back on the right track. So healthcare reform [glances down] and reducing taxes and reining in spending has got to accompany tax reductions and tax relief [glances down] for Americans, and trade we've--we've got to see trade as opportunity, not as a competitive, um, scary thing, but 1 in 5 jobs being created in the trade sector today. We've got to look at that as more opportunity. All those things under the umbrella of job creation. This bailout [is a part of that].

Couric : Pourquoi n'est-ce pas mieux, Gouverneure Palin, de dépenser 700 milliards de dollars à aider les familles des classes moyennes qui se débattent avec l'accès au soin, le logement, l'essence, et les provisions — leur permettre de dépenser plus et injecter plus d'argent dans l'économie ­— plutôt que d'aider ces grandes institutions financières qui ont joué un rôle dans la création de cette pagaille ?

Palin : C'est pourquoi je dis, moi, comme chaque Américain avec qui je parle, nous sommes malades au sujet de cette position dans laquelle nous avons été forcés où ce sont les contribuables comptant sur un sauvetage[1]. Mais au bout du compte, ce que le sauvetage fait est d'aider ceux qui sont [regarde vers le bas] inquiets au sujet de la réforme de la santé qui est nécessaire [regarde vers le bas] pour aider à étayer notre économie. [regarde vers le bas] Aider le — oh, il faut que cela concerne la création d'emploi, aussi, étayer notre économie et la remettre sur la bonne piste. Donc il faut que la réforme de la santé [regarde vers le bas] et réduire les impôts et ralentir les dépenses accompagnent les réductions d'impôts et le dégrèvement fiscal [regarde vers le bas] pour les Américains, et le commerce nous — nous devons voir le commerce comme une opportunité, pas comme quelque chose de compétitif et, euh, inquiétant, mais un emploi sur cinq étant créé dans le secteur du commerce aujourd'hui. Nous devons regarder ça comme plus d'opportunité. Toutes ces choses sous l'égide de la création d'emploi. Ce sauvetage [en fait partie].

Y avait aussi le passage sur la Russie qui a une frontière maritime avec l'Alaska et les Alaskans qui gardent un œil sur les Russes mais après on va croire que j'invente. Je mets pas de lien vers la vidéo, ça fait trop de peine. (Par contre si vous l'avez vue, il faut regarder le sketch parodique du Saturday Night Live et comparer. On rigole, on rigole, puis on réalise que le battement de paupières d'Amy Pœhler dans le rôle de Couric est à peine plus incrédule que l'original, et que le discours de Tina Fey dans le rôle de Palin et vraiment, vraiment proche du vrai, et on pleure.)

Et si vous trouvez que je cause trop de politique (non mais bon je n'ai que dix-huit mois à la louche à vivre sous le prochain Président et le Dow Jones il est tombé que de 777 points aujourd'hui je ne vois pas pourquoi faudrait s'intéresser), allez donc voir chez Giant Panda si j'y suis (toute en finesse).

Notes

[1] Honnêtement, je ne suis pas sûre d'avoir bien traduit ce passage.