Pensez-vous donc, en plein cours de tango argentin, alors que je devais l'aider à faire la démonstration d'un ocho cortado dont il venait à peine de nous montrer les pas.

C'est qu'il a la langue bien pendue, mon professeur de danse. Ça fait des années qu'on se connait, lui et moi, et son baratin, je l'ai entendu plus d'une fois, mais je me suis quand même laissée surprendre.

Il dit que le cavalier doit être mâle et dominateur pendant que la cavalière se doit d'être à son écoute et de se laisse guider. Il dit aussi que si quelque chose va de travers, c'est de la faute du cavalier ; et que si le cavalier se plante, la cavalière, qui ne s'en laisse pas compter, ne voudra plus jamais danser avec lui. La cavalière a la toute puissance de choisir son cavalier préféré. Comme en amour, blague-t-il. Succès assuré.

Il dit que la danse, c'est plus difficile que les maths, les sciences de l'ingénieur, l'informatique, tous ces trucs que font les jeunes aujourd'hui. Que ça prend des heures et des heures d'entrainement. Qu'il faut de la patience, beaucoup de patience.

Le boulot du cavalier ? Mettre la cavalière en valeur. Le boulot de la cavalière ? Se mettre elle-même en valeur. Asymétrique.

Sans cavalier, la cavalière n'est rien. Mais qu'il ne se croie pas indispensable : sans cavalière, le cavalier n'est rien non plus. Et réciproquement.

A-t-il conclu avant d'enchainer ''one... two... three... four and five, six and seven, ocho, nine... ten... eleven".

Ce qui était mon troisième grain de sablier givré, sur une amorce proposée par saperli. Et bien que j'aie légèrement modifié la situation pour coller à l'amorce, mon prof de danse ne renierait pas ce discours.

Remercions Mavie pour cette amorce dont elle est l'auteur originel.