10h30 : Ce dernier exposé était vraiment intéressant, mais si je n'obtiens pas un café et un truc à becter dans les cinq minutes à venir, je vais voler son muffin au respectable professeur assis à quelques chaises de nous et ça ne va pas être beau à voir.

12h20 : Nous sommes tous les trois d'accord, l'après-midi n'offre rien de bien intéressant. Je m'exclame qu'il faut profiter du... oui, on sait, du beau temps et nous voilà bientôt en route vers les quais du Fisherman's Wharf par cable car en compagnie d'A que nous avons récupérée au passage.

13h30 : Attablés en terrasse, nous nous gobergeons de crabe frais et d'un clam chowder plutôt bon bien qu'il ne reçoive pas l'entière approbation de M, qui vient de Nouvelle Angleterre, et tapons la causette avec le patron, un New Yorkais d'origine italienne allant à vue de nez sur ses quatre-vingts ans.

Plus tard, nous nous promenons sur les quais, examinant les deux bateaux militaires zet historiques sous les commentaires de M, dont le papa était dans la marine, prenant des photos ridicules, regardant les mouettes et nous moquant gentiment des otaries, disant des bêtises sur Alcatraz, regardant le Pont Orange de loin...

Nous entrons dans une confiserie dont R et M ressortent les yeux brillants, chacun son sachet de taffy dans les mains, excités comme des gosses le matin de Noël. Plus tard, c'est moi qui resterai le plus longtemps dans la boutique de Ghirardelli, choisissant avec soin un sachet de chocolats à la framboise et une plaquette de chocolat au caramel que je soupçonne de ne pas arriver à la cheville du Lindt fleur de sel.

17h : Pendant que M bûche sur sa présentation, R et moi nous présentons dans le hall du Palace Hotel, à la recherche d'une fête plutôt select donnée en l'honneur d'un certain Harry. On finit par nous indiquer la suite présidentielle au huitième étage, une importante affaire de boiseries, ferronneries, cheminées, piano à queue et petits marbres légers et délicats. Je m'en tiens au Perrier pendant que R descend Heineken sur Sam Adams, et nous arrivons à discuter avec des gens intéressants, généralement après leur avoir marché sur les pieds ou enfoncé un coude dans les côtes, l'endroit étant plutôt fortement fréquenté.

18h45 : La Grande Éditrice nous a repéré et nous entraîne dans une grande conversation sur la côte Californienne, le prix des billets d'avion, les langues étrangères, que sais-je encore, mais rien de très scientifique. Elle m'adore de plus en plus au fur et à mesure que R fait des aller-retours au bar pour lui remplir son verre de vin ; ce qui serait certainement plus appréciable si elle n'avait une malheureuse tendance à postillonner.

19h45 : Une heure plus tard, nous fuyons enfin, car une série de posters scientifiques nous attend. Nous ne savons toujours pas qui est Harry, même la Grande Éditrice, qui participe à cette soirée tous les ans depuis 1977, ayant oublié de qui il retourne. « A Harry, qui qu'il soit. »

20h00 : M nous rejoint devant les posters que nous étudions avec plus ou moins d'attention. Je refuse de me joindre aux gars pour boire la Budweiser qui accompagne la chose (gratuite ou non, j'ai mes principes), mais très bientôt nous nous retrouvons dans un coin reculé de la salle à deviser science et carrière, pliés de rire la moitié du temps.

23h45 : Je tire un voile pudique sur le reste de la soirée et nos aventures semi-légales provoquées par l'état d'ébriété des deux-tiers d'entre nous, pour conclure sur un dernier instantané avant de rejoindre l'hôtel : nous venons de rencontrer brièvement un thésard de la conférence, lui complètement beurré, et pas particulièrement sympathique avec ça, venant d'une université que nous nommerons XYZ. « L'Université d'XYZ ? » s'exclame R, outré de l'attitude peu avenante du jeune homme en question. « Chuis même pas sûr qu'ils aient un programme doctoral, là-bas ! ». Le tout pendant que l'arrogant thésard d'XYZ, qui était parti dans la mauvaise direction et venait de faire volte-face, se trouve à deux mètres de lui.

La suite, à lavement.