La République nous appelle
Quand j'étais au Danemark, dans un de nos cours/séminaires sur le thème de la collaboration entre personnes de cultures différentes (oui, j'ai suivi un cursus particulièrement passionnant ; un jour un type a passé une heure trente à nous expliquer que la sphère personnelle avait un diamètre différent selon les cultures), pour illustrer le fait qu'une personne venant d'un pays différent pouvait vous insulter sans le faire exprès (alors qu'entre gens du même pays, non, ça n'arrive jamais ?), la prof (néerlandaise je crois) nous avait dit qu'en France, on pouvait faire à peu près tout et n'importe quoi avec le drapeau sans profondément déranger qui que ce soit, alors que dans nombre d'autres pays plus petits, moins influents et à l'histoire moins ancienne (ainsi que les États-Unis), ben non.
Really? s'étaient exclamés la plupart des élèves, incrédule, à l'exception de nous autres Français, complètement indifférents.
C'était il y a longtemps, c'était en 2004.
De nos jours, si un photographe publie, au passage dans le cadre d'une exposition sur le politiquement incorrect, la photo d'un type en train de se torcher avec le drapeau français, un-fait-divers-une-loi se dépêche de nous instaurer le délit d'outrage au drapeau tricolore qui manquait gravement à la tranquilité de notre République.
Le gouvernement et la classe politique, eux, restent libres de défèquer à qui mieux mieux sur les valeurs de notre République (c'était quoi, déjà, notre devise ? « Un pour tous, tous pour un » ? Ah non, je confonds, toutes ces œuvres de fiction...) et sur la France que je considère la mienne.
PS: c'est bien raconté chez Maitre Éolas mais tenez-vous à l'écart des commentaires. (Néanmoins : mes deux grands-pères ont fait la guerre de 39 et ont reçu chacun la croix de guerre ; je me permets de douter que ça ait été pour empêcher qu'un type en prenne un autre en train de on s'essuyer les fesses dans le drapeau en photo.)