Tape-toi la tête contre le mur
Et en silence, s'il-te-plait.
Vu que tout le monde ne sait plus que parler que de la condamnation de la France par la Cour Européenne des Droits de l'Homme pour avoir refusé l'adoption à une femme homosexuelle (lire les détails chez Maître Eolas, c'est très bien raconté), ou alors de la mort de Heath Ledger, dont je vous avouerai bien volontiers me contrefoutre, les eaux graisseuses du débat sur l'élévation (sic) des enfants par un couple homosexuel refont surface.
Avec, à la clé, en plus du fait que les pédés sont misogynes et les lesbiennes misandres[1], la différentiation des pôles féminin et masculin, l'identité des genres, enfin, ce qui aux États-Unis s'appelle gender identity.
Et s'enseigne à l'école primaire.
Car, non, apprendre à lire dans des livres regorgeant de papas qui vont travailler et de mamans qui font la cuisine, de petites filles qui jouent à la poupée et de petits garçons qui jouent aux petites voitures, de dames en jupes et de garçons aux cheveux ras, ça ne suffit pas. Il faut apprendre. Il faut apprendre à répondre à des questions du genre "si ton pantalon a un trou, demandes-tu à ton papa ou à ta maman de le recoudre ?" ou "si la voiture de tes parents tombe en panne, est-ce papa ou maman qui la répare ?".
Je te dis pas les mauvaises notes que j'aurais eues. Pas que je comprenne pas le concept : traditionnellement, je sais bien que le rôle du monsieur c'est d'aller chasser le mammouth et de regarder le foot à la télé en buvant de la bière, et que le rôle de la madame, c'est KKK[2]. Mais dans la vraie vie, entre mon papa que c'est le plus fort en maquillage (ah, ben oui, le théâtre, ça forme) et ma maman qu'elle sait ouvrir le capot de sa voiture (qui n'appartient qu'à elle - enfin, pas stricto sensus à l'époque, car ils n'avaient pas encore modifié leur contrat de mariage pour y inclure la séparation des biens, mais de facto, oui[3]), je te raconte pas l'horreur.
Une enfance malheureuse, sans repères, une adolescence rendue difficile par mon incompréhension totale des différences entre les messieurs et les mesdames, une orientation sexuelle perturbée, l'alcool, la drogue, la descente aux enfers, la rue, la prostitution... ah ben non en fait. Presque normale, j'étais, dis-donc[4]. Un miracle. Je te ferai même savoir que malgré toute la littérature féministe qu'y avait à la maison, et ma situation familiale quasi-mono-parentale en elle-même, j'ai réussi à tomber dans les affres d' une relation vaguement abusive où je jouais vachement bien mon rôle de petite femme obéissante (mais bon, quand même, fallait pas trop en demander, je m'énervais, puis j'ai fini par me barrer. En Californie, d'ailleurs.[5]). Et le premier psy de comptoir qui en conclut que je cherchais une figure masculine forte, je lui conseille d'aller regarder du côté du manque de confiance en soi et de se payer une vraie formation.
Ceci étant le lecteur le plus attentif aura quand même remarqué que je suis devenue une sale gauchiste, athée, qui ne croit même pas au mariage, et qui applaudit bien fort quand Kozlika s'énerve.
Bref.
J'étais très interloquée d'apprendre ce principe éducatif. Surtout sur un ton badin de la bouche d'un Blondinet qui trouve ça tout à fait banal (il faut bien dire qu'il est passé par là, et qu'il a été élevé par une maman qui fait la bouffe et la vaisselle et un papa qui bricole, lui). Il est même possible que je me sois vertement (enfin, pourprement, plutôt) indignée à l'idée qu'on inculque de telles conneries à l'école publique, que j'aie haussé le ton et proféré quelques grossièretés par phrase. Puis je me suis dit, fulminante, que ça ne ferait que la raison soixante-douze et des pelletées de ne pas élever d'enfants aux États-Unis.
Diantre.
C'est quand, que je peux rentrer à la maison avec mon diplôme-qui-sert-pas-à-grand-chose-en-France ?
Notes
[1] Oui, crétin de correcteur orthographique, c'est un vrai mot
[2] Non, pas Klu Klux Klan: Kinder, Kuche, Kirche, enfants, cuisine, église, une jolie devise germanique s'il en est. Mais si tu veux vomir, fais un tour sur kkk.com et vide-toi de tes tripes chez eux de ma part.
[3] C'est beau, tout ce latin...
[4] Oui bon toi là-bas arrête de te marrer. Tout'suite.
[5] Bon en fait j'embellis pour la forme, c'était six mois avant, ou neuf mois après suivant si tu comptes "dire je te quitte" ou "se libérer de l'emprise de la relation", mais bon on va arrêter d'introspecter, y a des gens qui connaissent le jeune homme qui lisent ce blog et c'est bien trop simple de tout résumer en deux phrases sanglantes et partiales.