Giants 17 - Patriots 14
Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'expliquer par là-bas, le Superbowl, c'est (1) un événement sportif de prime importance (ie. la finale de foutchebal américain) et (2) une occasion inratable de se réunir entre amis, de boire des bières, de manger des hot dogs, de crier devant la télé, et par conséquent une manne commerciale. Cette année, trente secondes de publicité revenaient à quelques 2.6 millions de dollars aux (nombreux) annonceurs, et je ne parle même pas de tous les produits dérivés et spécialités pour barbecue qui se sont vendus ces derniers jours. Il faut bien un petit coup de Super Pouvoir d'Achat (merci à Miss SFW pour la découverte, et attention : ça s'installe dans ton crâne et ça ne veut pas en sortir) pour faire descendre tout ça.
Évidemment, je n'allais pas rater ça, et me suis rendue munie d'un gatal aux pommes qui, comme on dit en bon anglais, donnait des coups de pieds au cul (ça veut dire qu'il déchirait sa race, le gatal trop trop bon) à une petite sauterie (non ce n'est pas sexuel, ouvre un dico de temps en temps, que diable - hmm oui bon d'accord ce n'était pas très dansant, pour une sauterie, mais brèfle) organisée par des copains à moi, avec plein de boustifaille (hot dogs, pilons de poulet, soupe de palourdes à la mode de Nouvelle-Angleterre en l'honneur des Patriots, et plein de trucs à grignoter) et de bière (un keg de Miller, pour tout dire, et on ne se moque pas, ils auraient pu acheter de la Bud, qui est franchement dégueulasse je trouve, mais je suis une snobinarde de la bière, façon bière belge ou Guiness all the way baby), et des écrans de télés partout (y compris dans les toilettes).
Alors le foutchebal américain, personnellement, je trouve ça très, très ennuyeux. Le principe est simple : l'équipe qui a le ballon doit le faire avancer vers les buts adverses, qui ne s'appellent pas des buts mais franchement c'est du pareil au même, en maximum trois tentatives pour avancer de 9m14[1] (si tu réussis, tu recommences pour les 9m14 suivants, jusqu'à ce que tu arrives aux buts, auquel cas tu peux tenter de transformer un essai, ou quelque chose d'équivalent, qui consiste à flanquer un grand coup de pied dans le ballon pour le faire passer dans les buts). L'équipe adverse se doit d'empêcher ces gens-là d'avancer et de ruiner leurs trois tentatives, selon des subtilités qui m'échappent mais qui semblent se résumer au fait de leur taper un peu dessus, mais pas trop. Autant dire que le baseball, c'est intellectuel, à côté. (C'est le moment de m'agresser et de me parler de tactique ou de toutes les règles compliquées auxquelles je n'entrave que couic, mais vous pouvez vous abstenir, merci.)
Je soutenais donc les Giants (de New York) parce qu'il fallait bien prendre parti pour une équipe, et que les Patriots (de Nouvelle Angleterre) (non, les équipes n'avaient même pas des noms particulièrement rigolos cette année, quelle plaie) étaient favoris (ayant remporté chacun de leurs dix-huit matchs). Et aussi pour faire bisquer le grand supporter des Patriots devant l'Éternel (au moins) qui trépignait à côté de moi.
Bon, ben heureusement qu'on était plein de gens, parce que sinon, je serais passablement mourue d'ennui - par contre les filles arrivées là en tant qu'amies d'amis du frère de l'hôte ou un truc du genre, en talons aiguilles dans lesquels elles arrivaient à peine à se déplacer[2], tous seins dehors, et maquillées à outrance, elles faisaient un peu tache dans le décor (on était là pour boire des bières, manger avec les doigts, et regarder un match de foutchebal américain, je rappelle). Mais bon elles sont rapidement parties faire du shopping, donc c'est passé.
En effet, (1) le match était vachement intéressant et soutenu. Dans les quinze premières et les dix dernières minutes. Ce qui sur environ 3h30 de réjouissances fait un peu léger tout de même. Mais explique pourquoi les scores (17 à 14) sont si bas... Et (2) les pubs n'étaient carrément pas aussi bien que d'habitude (en général, vues les sommes à débourser, les annonceurs font l'effort de faire des pubs un peu innovantes et marrantes ; là, non, que pouic[3]). Je ne parle même pas du début, avec l'hymne national chanté par la nana qui a gagné American Idol (équivalent de la Star Ac') - bon d'accord au moins elle chantait juste et avec la musique... un progrès sur l'année dernière. Ceci dit, la mi-temps était animée par Tom Petty and the Heartbreakers, ce qui est carrément mieux que Prince (qui sautillait sur scène au Superbowl de l'an dernier), et qui nous a donné l'occasion de jouer à deviner quelles chansons seraient données (American Girl et '"Free Falling'' étaient carrément faciles, si tu as déjà entendu une chanson de Tom Petty, c'est une de ces deux-là).
Ah oui donc, la fin du match. Les Giants ont gagné. Alors qu'ils perdaient tout le reste du temps. Et que les Pats étaient largement favoris. Et que personne ne pensait qu'ils allaient gagner (sauf l'autre crétin de skate-boarder qui s'est retrouvé invité par erreur, et qui se serait pris un pain dans la tronche si nous n'avions pas été si civilisés, mais je ne m'éterniserai pas sur le sujet sinon je vais aller lui en flanquer une illico presto - il fait à mon avis hélas partie de cette catégorie de gens qui auraient probablement pu avoir une éducation plus réussie, fut-ce au moyen de quelques taloches).
Autant dire que le fan des Patriots faisait la gueule, quelque chose de grand.
Notes
[1] soit 10 yards
[2] Je n'ai rien contre les talons aiguilles, sauf le fait que c'est souvent moche, mais quand on ne sait pas marcher avec, on fait comme moi, on s'abstient
[3] Bon d'accord y en avait quelques unes de bien, mais vraiment, c'était pas la fête de l'inventivité commercialo-publicitaire