1. Je n'aime pas les maisons. Plus précisément, si j'aime bien l'idée d'avoir un endroit à moi qui soit exactement comme je le souhaite et parfaitement à mon goût, j'arrive difficilement à me passionner pour les étapes qui permettent d'en arriver là et la vie du propriétaire moyen (toujours une pièce en réfection ou redécoration ou réaménagement, conversation portant à quatre-vingt pour cent sur les avantages de la céramique sur la tuile pour la salle de bain, temps libre intégralement dévoué à replanter le jardin, bricoler l'électricité ou réparer les fuites dans le toit) me terrorise.

2. Si tu veux me faire tenir tranquille deux minutes et que tu es un garçon, facile, enduis-toi la figure de mousse à raser (au blaireau c'est encore mieux mais n'en demandons pas trop) et rase-toi (au rasoir manuel, évidemment). Ça me fascine, va savoir pourquoi. Si tu es une fille, peine perdue, tu n'as aucun moyen de m'empêcher de sautiller partout en disant des conneries. C'est bien pour ça que j'ai très peu d'amies.

3. Quand je dis « sautiller partout », c'est assez métaphorique ; je ne sautille que rarement (même si ça arrive). On m'a plus d'une fois dans mon enfance (moins maintenant que les choses ne se font pas sans moi,) reproché (à juste titre) de trop rarement lever mon cul (tu m'étonnes que je parle pas correct maintenant avec une éducation pareille). D'ailleurs, à l'âge où les charmants bambins apprennent à ramper pour atteindre l'objet de leur convoitise, moi, j'avais réalisé que puisque ledit objet était sur un tapis de jeu, je n'avais qu'à tirer sur le tapis. (J'étais futée, à l'époque, j'avais le neurone en ébullition et la matière grise en plein développement, alors que là je m'approprie tout à fait la définition de l'expert, tu sais, une personne qui en sait de plus en plus sur de moins en moins de sujets.)

4. Je n'ai jamais compris pourquoi, dans la plupart des soirées costumées d'adultes, les nanas s'habillent "sexy" alors que les mecs, non (ils ont même le droit d'avoir des costumes sympa et rigolos). Apparemment, j'ai un sens de la dignité mal situé. D'ailleurs ce soir c'est Halloween, j'ai déployé toute mon ingéniosité (en même temps, y en a pas nécessairement des masses) à me créer un costume de chat qui soit le plus éloigné possible d'un costume de catwoman (n'en déplaise à certain(s), nanmého). Et le premier qui s'attend à ce que je dise meeew d'une voix chaude et sulfureuse, je lui casse la gueule. A coups de citrouille. Sans rire.

5. Je parle vachement bien anglais. Si, si, je te jure. Mais y a deux trucs sur lesquels je me plante tout le temps quand je parle vite, que je suis fatiguée ou que j'ai bu trois gorgées de bière, et ça m'éneeerve, mais ça m'éneeerve ! Le premier, c'est que comme ça va à l'encontre de ma grand-mère grammaire française de mettre le « s » à la troisième personne du singulier et pas celle du pluriel, ben je cafouille... mais au lieu de ne me planter que sur la conjugaison, je change aussi le sujet pour que ça soit correct en anglais... et ça ne veut plus dire du tout ce que je voulais. Ça donne the cats eat the mouse au lieu de the cat eats the mouse, oups, y a ma fourche qu'y a encore langué. Et le deuxième, c'est les mots composés, dès que je n'y réfléchis plus, je les compose à l'envers. Je dis streetlamp au lieu de lampstreet, headshower au lieu de showerhead, et les gens me regardent d'un air doux et apaisant, tu sais, celui qui vient avec la tête inclinée d'un côté et le rictus « je n'ai aucune idée de ce que tu racontes mais je ne veux pas te contrarier ». Et puisqu'on parle de mes insupportables imperfections, t'as pas une idée pour m'aider à avancer sur le premier temps du lindy hop au lieu de reculer comme une courge parce que j'ai trop l'habitude du swing à six temps ? Hein ? Parce que même quand mon cavalier m'arrache le bras en me tirant à lui, rien à faire, je pars en arrière...

6. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais j'ai un peu de mal avec la concision. Un tout petit peu. (Et je vais être à la bourre pour ma soirée d'Halloween — aussi on vient juste de me dire que ça va commencer une heure plus tôt pour les initiés, en regardant Bill Maher. Et je ne refuse jamais une invitation à aller regarder Bill Maher en mangeant de la tarte à la citrouille faite de mes blanches mains. Tu vois ce que je veux dire, au sujet de la concision ?)

Il parait qu'il faut que je refile l'eau du bain à six personnes, mais une lassitude m'envahit, de même que la peur de manquer Bill Maher... S'en empare qui veule, de toute façon, zavez besoin de moi pour aller raconter des choses insignifiantes sur vos blogs ? Si c'est le cas, j'ai bien peur que vous ne vous preniez un peu trop au sérieux.