Les effets s'en font déjà sentir. Certaines administrations (habituellement déjà surchargées) sont obligées de fermer certains jours car elles ne peuvent pas payer leurs employés pour travailler. Qu'on se rassure, le privé fait pareil, je le vois partout autour de moi, c'est la fête du furlough (jour chômé non payé forcé par l'employeur). Certains parcs nationaux ne pourront pas ouvrir cette année car des travaux de réfection essentiels n'ont pas pu être entrepris. On ferme quantité de programmes extra-scolaires, et les enfants les plus défavorisés trainent désormais dans la rue après l'école. On se demande si le programme de surveillance des délinquants sexuels en liberté, donc, surveillée pourra vraiment être poursuivi.

Et le budget qui devrait redresser la situation n'a toujours pas été voté : les législateurs n'arrivent pas à se mettre d'accord. Et je le comprends bien : il n'y a apparemment pas une seule personne capable de trouver la demi-queue d'une idée présentable.

Pour l'instant, on se propose par exemple d'économiser 8.6 milliards de dollars sur le budget de l'éducation (conséquences mineures : virer des profs et diminuer le salaire tellement faramineux de ceux qui restent, faire des classes plus lourdes, ne pas rénover les bâtiments ni acheter de manuels scolaires, etc.) et des Universités de Californie (m'en fous, je suis employée sur subvention du NIH (un de ces exemples de financement public de la recherche académique américaine qui détone avec les discours et rêves du gouvernement français...) et non pas par l'université).

On propose aussi d'économiser 6.5 milliards de dollars de plus en n'alignant pas les pensions des retraités ou des personnes handicapées (déficientes ? Je ne sais jamais quel est le mot officiel sensé froisser le moins de sensibilités) sur l'augmentation du coût de la vie. Dommage !

Après, il y a les transports. D'abord, on retire tout un tas de sous au DoT (Department of Transportation) : adieu, nouvelles routes, amélioration des transports en commun, veau, vache, cochon, pouletcouvée. Ensuite, alors même que le stimulus fédéral s'efforce tant bien que mal d'aider l'industrie automobile en instaurant des ristournes pour les acquéreurs de voitures neuves, on augmente le coût d'immatriculation des véhicules et la taxe sur l'essence. Chazam !

J'aime aussi beaucoup les propositions qu'on compte mettre au vote des résidents en mai, celles du genre âne de Buridan, « vous avez voté pour accorder x millions de dollars au fonds pour la santé mentale, est-ce que vous seriez d'accord pour que, finalement, on les donne aux enfants de familles défavorisées ? ». Tu dis oui, c'est dégueulasse pour les dépressifs désargentés, et par les temps qui courent il n'en manque pas, tu dis non, c'est dégueulasse pour les petits enfants pauvres, et par les temps qui courent il n'en manque pas non plus, bon courage cher résident californien. Pour une fois je serais presque contente de ne pas avoir le droit de vote au sujet de ce qu'il advient de mes impôts.

Après ça, les onze milliards d'emprunts (aussi appelés dettes pour les générations futures par les Républicains quand il s'agit du stimulus économique, fallait peut-être y penser en créant cette situation, aux générations futures) ont l'air particulièrement brillants, même s'ils se divisent entre la loterie et des bons d'épargne qu'on préfèrerait éviter.

Je sais, que le mec qui était gouverneur avant le gouverneur a laissé les finances de l'État dans un piètre, euh, état. Je me doute, que faire confiance à Mister Universe pour sauver la situation n'était peut-être pas l'idée du siècle dernier (il parait que les autres candidats étaient pire ; je n'en sais rien). Mais franchement, on aurait pas pu se rendre compte qu'on était dans la mouise avant d'atteindre ce stade catastrophique ? (La même question, cela dit, se pose au sujet de la crise économique elle-même ; beaucoup de gens savaient qu'on était mal, mais personne n'a tiré la sonnette d'alarme assez fort pour faire quelque chose ; bref, je ne suis pas économiste et je n'y comprends pas grand chose, mais c'est quand même l'impression générale.)

Moi, je propose de légaliser la prostitution et de l'imposer dans le même mouvement. Rien que dans les faubourgs de Los Angeles, y a de quoi faire rentrer des sommes faramineuses. Si ça ne suffit pas, on pourrait aussi taxer le trafic de drogue, ça devrait être amplement suffisant.

Sources principales : California's Pain Is Only Beginning (La douleur de la Californie ne fait que commencer) dans le Wall Street Journal en ligne du 11 février 2009 et Highlights of the California Budget Proposal (Grandes lignes de la proposition de budget de la Californie) par Associated Press dans le San Jose Mercury News en ligne du 15 février 2009.