Des mensonges qui n'en finissent plus de se casser la figure pendant que je tourne pudiquement les yeux, faisant semblant de ne rien voir pour ne pas me mettre à hurler que je ne suis pas stupide, et qu'ai-je donc fait pour les mériter ?

Des retrouvailles chaleureuses, dans un petit appartement bien éclairé de l'autre bout de Paris, avec des voix qui chantent, des souvenirs, beaucoup de rires et le parfum de ma ville natale.

Un magnifique lever de soleil sur un paysage bien morne avant que ne s'y joignent les rutilantes carlingues des oiseaux de fer. Dix-huit heures trente de voyage, porte à porte, et un coucher de soleil clair sur l'autoroute en roulant vers le sud. Le décalage horaire.

Puis la rentrée, avec son lot de retrouvailles, les heures passées à écrire, rédiger, dresser des plans, pendant que mes doigts au clavier deviennent gourds du froid de mon bureau-frigidaire (il a un cheval caisse et des tiroirs de course, enfin, je confonds avec dromadaire).

Les questions que l'on pose tout en sachant bien ne pas vouloir entendre les réponses ; les relations humaines, les vraies, pas celles des coachs entreprenants, celles que j'aurais presque pu croire figées dans les rôles que je leur avais soigneusement assigné dans un coin de ma tête de mule, qui par conséquent se mettent en branle, entrechoquées, pour emmêler leurs fils et finalement retomber, dans un équilibre peut-être précaire mais tellement ridiculement comique que je n'arrive même pas à m'en attrister trop longtemps.

Ça ne va pas fort dans les chaumières, en ce début d'année, et j'offre de mon piètre mieux une épaule qui s'efforce d'être virtuellement consolatrice à neuf milliers de kilomètres de distance. J'abuse des adverbes et des longueurs de phrase comme du chocolat noir. Je fais le pitre parce que c'est encore ce que je fais de moins pire.

Un tragique décès que je passerai sous silence et les condoléances que je n'arrive pas à exprimer.

Un plaisantin qui envoie de la poudre blanche et les mots ''Black Death'' (du nom de la peste noire et d'un film bientôt sur vos écrans) dans des enveloppes destinées à des professeurs ou personnels du campus, déclenchant après la troisième missive une vague de panique et de larmes largement indifférente aux probabilités qui veulent qu'un tel objet ait de larges chances d'être une blague, surtout quand le contenu des deux enveloppes de la veille a été confirmé inoffensif, et l'arrivée en rafale de la police, du FBI tout en lunettes noires, airs importants, marche rapide et téléphones cellulaires vissés à l'oreille, des extra-terrestres en combinaison intégrale, et des hélicoptères des chaînes d'information, tout comme à la télé.

Une demande de financement pour une soirée dansante, que je vais défendre en trainant les pieds, terrorisée par ce conseil où il se trouve, dès la lecture de l'agenda, un fâcheux pour remettre en cause l'ordre dans lequel sont abordés les différents items. J'obtiens néanmoins, au-delà de mes espérances, l'intégralité des sommes requises et envoie un message incisif : « on a le fric » .

Un article presque gratuit, cadeau de la Grande Compagnie Informatique, dont je n'ai pas écrit un mot mais sur lequel je me retrouve troisième auteur pour avoir fait une part importante des travaux qu'il décrit, et qu'il ne me reste plus qu'à réviser attentivement avant qu'il ne soit envoyé.

Une amie dont j'entends le sourire à travers les câbles du téléphone.

Et The Asteroids Galaxy Tour qui m'assurent it's gonna get crazy, it's gonna get mad, it's gonna get hazy, making me sad.

Sainte-Foy-lès-Lyon, 25 décembre 2009

Ça ressemblait à ça, Noël, cette année.