Je trouve parfois le temps de déjeuner avec mes collègues, mais mange la plupart du temps en tête à tête avec mon ordinateur. Je fais de brèves pauses régulièrement pour m'étirer histoire de tenir la distance. Il m'arrive de courir aux toilettes. Je continue de danser, surtout sur le campus (les événements vont hélas se tarir avec l'été). Je m'autorise une soirée off par semaine, soit dans un club de danse, soit à une fête avec des amis.

Je repousse tout un tas de couilloncetés administratives à la dernière minute et je ne devrais pas.

Je trouve encore le temps de m'indigner de tout et de rien, depuis BP dans le Golfe du Mexique et Shell au Niger jusqu'aux commentaires plus racistes les uns que les autres qui parsèment cette période électorale (on renouvelle les gouverneurs de 37 États dont la Californie et ce n'est pas beau à voir, permettez-moi de vous le dire) en passant par le grand cirque israélien.

Les gens du labo pensent à vérifier régulièrement que je ne me suis pas endormie face à mon écran je respire encore et mes amis m'envoient des vidéos de pandas japonais, des histoires de loutres qui apprennent à leurs petits à nager et des liens vers des tumblr ridicules, ou encore des cartes postales, pour m'aider à tenir le coup.

Demain aura lieu la cérémonie de « remise des diplômes » (entre guillemets puisqu'on y remet aucun diplôme) à laquelle j'aurais pu participer si je l'avais voulu. J'aurais pu assister à de beaux discours, porter un magnifique chapeau et cape assortie, aux couleurs (bleu et jaunasse, pardon, or) de mon université, défiler à l'appel de mon nom et me rendre aussi parfaitement ridicule que dans n'importe quel film hollywoodien. J'ai un peu de mal à faire comprendre à mes condisciples que le tout me parait être une immense perte de temps, surtout alors que je n'ai, moi, pas encore soutenu.

Je ne « marcherai » donc pas demain mais rejoindrai mes amis dans la soirée pour célébrer dignement trois d'entre eux devenus docteurs et dont je suis d'autant plus fière qu'il s'agit de trois femmes informaticiennes.

Bon, 21h45, il serait peut-être temps de dîner ?