Je suis malade des réactions que j'ai lues tout en essayant de ne pas les lire, malade de voir qu'au vingt-et-unième siècle, dans le pays des Lumières et des Droits de l'Homme-avec-un-grand-H[1], une bonniche est encore là pour se faire engrosser par le patron puis mettre à la porte[2], malade de lire commentaire sexiste sur commentaire sexiste, amalgame entre « French lover » et gros porc dégueulasses sur amalgame entre « puritain » et « respectueux de l'intégrité de l'autre ». Malade les tripes à l'envers avec envie d'aller jeter des briques dans des vitrines et mon genou dans des entrejambes.

Je me dis que je suis con de me mettre dans des états pareils. Je me revois adolescente en train de hurler sur mon père à m'en casser la voix parce que « c'était injuste » (ne crois pas que j'étais juste une insupportable gamine capricieuse en pleine crise d'adolescence ; dix ans plus tard ça m'a toujours l'air de l'avoir été) et je reconnais la même rage impuissante, le même dégoût, la même envie de tout détruire. Je n'ai toujours pas grandi. Je continue de m'identifier à Frankie Adams bien que j'aie désormais quatorze ans de plus qu'elle. Et je ne sais toujours pas par où commencer.

Alors je déblatère sur le sujet au téléphone avec ma mère (qui, deux jours avant que les gros titres ne fassent leur apparition, me parlait des enfants d'Outreau devenus grands et de la difficulté que les gens ont à croire les victimes de viol).

J'insulte BHL (une prise de position hautement contestataire) sur ma page Facebook.

J'écris des gros mots chez Pétronille, encore elle, je songe à planter ma tente sur Le Beulogue.

En d'autres mots, je prêche dans ma paroisse, ayant une tendance de plus en plus marquée à fréquenter majoritairement des gauchistes féministes, et pour autant que ça soulage, de dire ces choses et de savoir que je ne suis pas la seule à les penser... ça ne fait pas particulièrement avancer le bousin.

Je voudrais que les choses changent. Je voudrais faire quelque chose. Mais quoi ? Je ne sais toujours pas plus quoi faire d'autre que de gueuler, de chialer, et d'agiter mes bras. Ça te fait le son et lumières quand je fais les trois en même temps mais c'est pas ça qui va faire avancer quoi que ce soit (et surtout pas changer l'opinion générale que les femmes sont hystériques).

Du coup je t'ai pondu ce billet inutile.

On fait ce qu'on peut.

Notes

[1] Ce qui est supposé signifier Être Humain et inclure les Femmes, ces sous-merdes

[2] Je fais pas exprès de rester dans la continuité musicale du billet précédent, mais si jamais tu tombes sur Les bonnes des Frères Jacques... « quand y a plus d'bonnes, y'a plus d'bourgeois ».