Genau
Ça y est, je suis en Souabie Profonde.
Il fait relativement beau (j'aimerais te dire que le soleil brille, mais soyons honnête, à ces latitudes, en janvier, il ne fait guère mieux que luire), un froid de canard (-10°C ce matin, -3°C cet après-midi), et la ville est super jolie.
(Ton œil de lynx aura repéré lesdits canards s'ébattant joyeusement dans l'eau glaciale.)
Pour prouver une fois de plus que le monde est petit, j'ai rencontré un Américain qui vient de Berkeley où il a bossé dans un domaine similaire au mien (mais plus orienté détection d'intrusion, amis télécommunicants, suivez mon regard) et qui est ici comme moi pour deux mois, sur la même bourse, avant de rejoindre un labo de l'université de la ville où se trouve mon institut de recherche.
Et il y a même une altiste (brésilienne) dans ma classe. Pour te donner une idée du melting pot, il y a dans ma classe deux autres brésiliennes, un autre français, une américaine (de Californie du Sud, évidemment), une dame de Côte d'Ivoire, un Kurde, une Russe, une Ukrainienne, une Grecque, un Costa Ricain, une Biélorusse et une Australienne.
Les cours me plaisent beaucoup même s'ils me laissent sur le carreau, et mon allemand commence déjà à se réveiller et je manie le natürlich, genau, et autres doch, schau mal! et ja ja avec d'autant plus de dextérité que je ne sais pas dire grand chose d'autre. Le ach so, trop cliché, se fait encore désirer...
J'ai déjà assisté à un concert, donné par un ensemble de flûtes japonais. Ils ont alterné œuvres classiques (dont Jésus que ma joie demeure de Bach, qui a dit que la flûte n'était pas un instrument baroque ?[1]) et œuvres traditionnelles et allemandes (die Lorelei) et japonaises (il parait que Haru no Fu est très célèbre, mais je ne vais pas faire semblant d'y connaître quoi que ce soit en musique traditionnelle japonaise) Enfin, bref, y avait des flûtes basse, et moi, que veux-tu, rien que ça, ça me ravit.
Et demain, c'est férié, en l'honneur de la veille de mon anniversaire de l'Épiphanie et des Rois Mages. A ce sujet, je t'ai déjà fait écouter la version espagnole des Rois Mages en Galilée ? Ah oui. D'ailleurs j'en connais qui n'en sont toujours pas remis.
Sur ce, je te laisse, j'ai des exercices de grammaire à faire et un texte sur comment on fête le Nouvel An dans ma culture à rédiger. Et vu que j'ai passé mon dernier réveillon dans le brouillard des Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (et des petites routes du côté de Besançon, une expérience assez... champêtre), avec pour tout repas une soupe de distributeur d'aire d'autoroute et deux tranches de pain d'épice arrosés d'une bonne gorgée d'Évian et que je n'arrive même pas à trouver ça gênant, on est pas sortirs de l'auberge.
Notes
[1] Si mes souvenirs sont bons, quelqu'un qui maintient aussi que Bach n'est pas baroque.