Deux petites mignonnes
Et si, je me disais l’autre jour après avoir entendu une programmation musicale appropriée, et si la femme des “yeux révolver” (Marc Lavoine) et la “femme libérée” (Cookie Dinger) était une seule et même personne. Je me rends compte que ce ne serait pas plus mal, vu qu'elles ne sont pas rendues, les pauvres.
Ici un petit aparté pour expliquer que la programmation musicale en question était diffusée au bistrot du coin de la rue où je logeais chez mon paternel, et que le taulier, dans une fière tradition de garçon de café parisien désagréable qui te donne plutôt envie de te brûler la langue dans ton enthousiasme à te débarrasser de l'expresso mal passé qui fait la gueule dans une tasse plus très blanche, laisser quelques billets sur la table et te tirer sans prendre la peine d'attendre la monnaie (il est évident que sinon tu ne laisserais pas de pourboire), le taulier, je disais donc, accompagnait la radio de bon cœur et surtout de sa voix de fausset. Rien de tel pour se sentir chez soi et provoquer un déluge d'idées plus ou moins heureuses -- tout pour faire suffisamment de boucan sous ma boîte crânienne pour en oublier la musicale ambiance.
Revenons-en à nos greluches.
D'un côté, la « femme libérée ». Ousqu'on nous explique bien qu'en fait c'est pas vrai de vrai, elle est pas libérée, la pauvre fille, elle fait juste semblant, évidemment qu'elle a toujours besoin d'un mâle viril et poilu ! Ah et aussi il ne faut pas se sentir menacé par le fait qu'elle ait des lectures vachement intellectuelles (genre Le Nouvel Obs, oh là oui, c'est tellement profond, Le Nouvel Obs), en fait, elle a pas trois neurones à frotter l'un contre l'autre (une expression américaine qui n'a de cesse de me ravir), elle fait semblant on te dit.
Ça me rappelle l'émotion qui s'était ressentie dans toute la presse pipole au point que j'en entende parler le jour où Scarlett Johansson avait été prise en photo en train de lire je ne sais plus quel pavé (Guerre et Paix peut-être ?). Peut-être que je suis jalouse parce que tout le monde s'en fout quand je lis des bouquins intellos et que je n'ai jamais réussi à finir Guerre et Paix (de toute façon, si je ressemblais à ScarJo, ça se saurait), mais j'avais trouvé ça un peu exagéré comme agitation. Genre la fille elle a un corps sublime et en plus... attention.... elle lit ! Des livres ! Avec des mots dedans ! Des mots qui font des phrases ! Et les phrases, haaaa, elles racontent une histoire ! (Ah bah oui moi aussi j'ai de la culture et je fais des références.) Un truc de dingues.
Quant à la femme aux yeux révolver, elle a peut-être le regard qui tue (mais moi aussi, de toute façon, voyons, tu m'as pas vue en colère, de même que le visage pâle, par contre les cheveux tirés en arrière, non, j'ai fini par comprendre que ça ne m'allait pas trop trop), mais franchement, faire l'amour sur des malentendus, je trouve ça un peu moche, quand même. Voire sinistre, en fait. Et pas très débrouillard non plus. A moins qu'on ne commence à philosopher sur les limites de la communication et le fait de ne pas pouvoir être dans la tête de l'autre et que donc finalement c'est toujours des malentendus l'amour, mais on parle de Marc Lavoine, là, hein, les gars. Donc, la greluche m'a l'air aussi séduisante et libérée que celle qui a besoin d'un macho poilu au fond de son lit et de prétendre savoir se débrouiller seule alors qu'en fait, non.
Donc si c'était la même fille dans les deux chansons, ça nous ferait tout de même une potiche de moins sur la planète, et ça ne serait pas plus mal. D'ailleurs si elle pouvait être la fameuse femme des années 80, celle qu'on a envie d'appeler Georges... on pourrait peut-être se les faire proprement toutes les trois d'un coup, d'un coup de balcon qui cède au moment où elle(s) passe(nt) dans la rue ? Et puis j'ai déjà la balcon, mais si, celui où y a une âme en peine qui vit par procuration et met du vieux pain pour les pigeons !
Ceci était ma participation aux sabliers givrés du 12 janvier 2009 sur une amorce proposée par Agaagla, et, oui, le bistrot d'en bas est branché sur Chante France et le patron est imbuvable. L'entrecôte se laisse manger, par contre.
Et le texte original était de... *roulements de tambour*... Mavie.