Mon studio est très chouette, dans le genre petit mais coquet, et très bien situé, en plein centre-ville, mais un peu au calme, proche de nombreuses lignes de bus dont une qui m'amène directement au boulot en quarante-cinq minutes porte à porte dans les boutillages.

La propriétaire m'a complètement mamajuivée, m'abreuvant de conseils et de trucs jusqu'à ce que je les sue par tous les pores, je connais tout de ses enfants, surtout son fils le professeur, et je suis surprise qu'elle ne m'ait pas encore appelée aujourd'hui...

Les prix sont effectivement assez élevés, surtout pour la bouffe chez les Arabes du coin (ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre même pendant le shabbat...). Il faudra que j'aille faire un tour du côté du souk (euh, pardon, « marché ») qui n'est pas très loin, un jour où j'aurai le temps.

J'ai vu peu de rabbins, peu de bouclettes et peu de kippas, par contre la gare, par laquelle je passe deux fois par jour, grouille de jeunes en uniforme effectuant leur service militaire ; ce qui, conjugué aux politiques sécuritaires de la GCI (qui déconseille de se rendre à Jérusalem) et aux abris anti-guerre que l'on trouve dans ses locaux (même qu'à Haïfa, où je suis chaque lundi, mon poste de travail est dans un bunker... situé au cinquième étage), me met fortement mal à l'aise.

Parlons-en, de la GCI. Tout le monde y est fort serviable et accueillant, surtout Chef, qui n'arrête pas de me demander si j'ai besoin de quelque chose, alors que non, vu que j'ai déjà ma proprio (et Internet). Elle m'a aidée à ouvrir un compte en banque (elle était prête à y aller avec moi, mais avait peu de temps libre avant la fermeture à 14h30 ­— cherche pas — et a donc tout prémâché pour moi au téléphone, ce qui m'a grandement rendu service). Et surtout, elle m'a invitée chez elle... à Jérusalem (où elle habite donc en dépit des recommandations de son employeur.)

Mes deux premiers jours ont été chaotiques, de piles de papiers à signer en réunions et de détails techniques en crapahutage de bureau en bureau. Je commence à avoir une meilleure idée du projet (que ces incessantes réunions servent à quelque chose d'autre que de se disputer au sujet des échéances et priorités relatives des projets) et malgré les signaux de détresse de mon syndrome de l'imposteur, j'ai hâte de commencer à vraiment travailler plutôt que de me réunir et de courir partout comme un poulet décapité, dans l'espoir d'arrêter de me dire toutes les dix minutes que je veux sortir d'ici et de tenir à coup de pauses toilettes pendant lesquelles je fais des grimaces au miroir (ce qui est extrêmement satisfaisant et détendant, je trouve).

Habituée à mon campus cosmopolite, je m'étonne encore d'être la seule étrangère au milieu de tous ces Israéliens. Côté diversité, c'est raté, il n'y a quasiment que des juifs ! (On rigole, on rigole, mais je n'ai toujours pas vu ni noir ni asiatique dans ce pays.) Coup de chapeau, néanmoins, sur le plan de la parité, car s'il y a plus d'hommes que de femmes, le déséquilibre est bien moindre que celui auquel je suis habituée. (De plus, elles sont très nombreuses à être enceintes.)

Sur ces observations en vrac, je m'en vais essayer de récupérer de ma folle journée (douze heures entre mon départ et mon retour, dont un tiers passées à me transporter du studio au boulot, car j'étais aujourd'hui sur le site d'Haïfa qui n'est pas la porte à côté même s'il est beaucoup plus joli).