En plus de la vieille ville, de Jérsualem-Est qu'on ne sait pas trop à qui elle appartient, et des quartiers ultra-orthodoxes, Jérusalem se dote d'un quartier juif-intello-huppé, où habitent les professeurs, les docteurs, les avocats, les hommes politiques anciens et nouveaux... un coin bien propret, qui abrite aussi l'Ambassade Chrétienne Internationale de Jérusalem.

Ambassade Chrétienne Internationale de Jérusalem

La vieille ville est bien évidemment le point d'attraction touristique, et j'y ai passé mon samedi à crapahuter de petites rues étroites en volées d'escaliers. Encerclée de murailles bâties par Soliman le Magnifique (enfin, pas soi-même, hein, ses esclaves), la vieille ville se divise en quatre quartiers : chrétien, musulman, juif, et arménien.

Le quartier juif est le plus récent et il faut bien avouer par conséquent le moins joli. Le samedi, il était désert, ce qui ne pouvait que renforcer l'impression d'un décor de carton pâte attendant que les figurants habillés en noir et coiffés de toques de fourrures ne montent sur scène.

Juif ultra-orthodoxe dans une rue de Jérusalem

C'est aussi l'endroit où l'on trouve le Mur des Lamentations, qu'il était impossible de prendre en photo de près, chabbat oblige. L'accès au site est hyper sécurisé, passage au détecteur de métaux et sacs aux rayons X, le tout fort loin du mur lui-même. Je ne pensais pas que j'allais être autant submergée d'émotions, mais j'ai passé tout le temps que j'étais sur l'esplanade et, bien sûr, devant le mur, à ne pas en revenir de voir et de toucher le Mur des Lamentations.

Mur des Lamentations

Le quartier arménien a l'immense avantage d'être très calme. Les arméniens étaient là avant tous les autres et font bien de ne pas trop se mêler de toutes ces histoires. Pas de guides venant proposer leurs services, pas de marchands du Temple, rien que des gens qui vaquent à leurs occupations et te laissent respirer en paix. Une des plus importantes attractions est la cathédrale Saint-Jacques, ouverte uniquement pour la prière du matin et de 15h à 15h30. Je suis passée devant à 15h22 ; hélas l'odeur de l'encens m'a fait rebrousser chemin très vite (je suis allergique à l'encens ; heureusement que je ne vais jamais à l'église, dis).

Cathédrale Saint-Jacques

Le quartier musulman m'a été le plus sympathique ; très animé dans le souk, mais plus par de vrais gens vivant vraiment là et faisant vraiment leurs affaires du samedi que par des attrape-touristes ; et quasiment désert dans les rues avoisinantes, manifestement négligées par les guides de voyage car il n'y avait pas un seul touriste.

Rue du quartier musulman

Je n'ai malheureusement pas pu accéder à l'esplanade des Mosquées et ai dû me contenter de voir le dôme du Rocher de loin. Une prochaine fois peut-être ?

Dôme du rocher

J'ai gardé pour la fin le quartier chrétien, de loin le plus horripilant. Pas moyen de faire un mètre sans se faire harponner par un guide tachant d'offrir ses services (à prix fort) ou un marchand quelconque. J'ai réussi à rendre la situation un peu plus supportable en racontant toutes les conneries qui me passaient par la tête aux plus collants des mecs ; comme quoi je faisais une thèse sur les chevaliers de l'an mil au lac de Paladru, you know, the Lake of Paladru, near Grenoble, very famous (après tout ils prétendaient bien être spécialistes d'histoire, pourquoi pas moi ?) ; que j'étais mariée mais que dans ma religion, le Mandarom ou Aumisme, on ne portait pas d'alliance, pour mieux combattre les Lémuriens ; que quand même, c'était très intéressant Jérusalem, mais le Messie Cosmo-Planétaire dans tout ça ? J'étais tellement remontée que j'ai réussi à baratiner sans rire sur le Cosmo-Planetal Messiah sans broncher ; mais les mecs n'avaient qu'à pas m'attraper le bras de leur paluche gluante quand ils me parlaient, je ne supporte pas ça.

Néanmoins, les plaisanteries les meilleures étant les plus courtes, je ne me suis presque pas arrêtée dans la Via Dolorosa à cause de ces sangsues qui se jetaient sur moi dès que je faisais mine d'allumer mon appareil photo. Le quartier grouillait aussi de touristes, dont la concentration culminait dans le saint des saints, à savoir l'Église du Saint-Sépulcre (ou Church of the Tomb comme nous l'appelions la veille au soir avec mes hôtes car ni eux ni moi ne nous souvenions de son nom en anglais (Church of the Holy Sepulchre, pour ceux qui se demandaient). Je ne suis d'ailleurs pas restée longtemps dans cette église car on y voyait surtout des touristes, dont une bonne partie en pleine dévotion, à moitié couchés sur le sol en train de baiser je ne sais quoi.

Saint Sépulcre

Au niveau cosmique, sinon, les blagues sur la religion, ça compte autant quand on se les fait à soi-même que quand on les dit à haute voix ? Si c'est le cas, je crains d'avoir explosé le peu d'indulgence divine qu'il me restait (je ne pense pas que ma côte était beaucoup remontée depuis la fois où j'avais commenté les tableaux d'une exposition sur un peintre italien du quinzième en parlant de « Joey », « la Marie », et « l'autre type »). Il me fallait bien ça pour tenir le coup et profiter pleinement d'une journée où j'en ai vraiment pris plein les yeux.

Et j'avoue que, bien que je me doute de toutes les tensions sous-jacentes, et malgré mon manque d'aisance avec la chose religieuse, entendre l'appel du muezzin quelques minutes après que les cloches de l'église aient fini de sonner a un charme qui me met le sourire aux lèvres.