Tout d'abord, il faut que l'organisation soit tellement chaotique qu'à deux minute de l'événement tous les membres de l'équipe n'aient qu'une seule envie : tout plaquer. Ce sera l'occasion parfaite de chouiner sur l'épaule de votre partenaire de crime swing, le président officieux de l'inexistant club de swing, que vraiment y en a marre des gens qui ne sont pas capables de prendre leurs responsabilités et d'assumer deux minutes.

Par la même occasion, l'épuisement émotionnel des organisateurs devrait permettre de créer la confusion dans l'esprit des participants. Par exemple, on peut avoir, au début de la soirée, tous les membres se présenter les uns les autres sans rime ni raison, laissant chacun annoncer qui il ou elle veut, de préférence en se trompant de rôle et/ou de danse, au point où l'assistance pliée de rire pense que vous le faites exprès.

Donner un mini-cours de swing avec votre partenaire ; assurez-vous que tout le monde passe un bon moment en faisant le clown et en criant plus fort que lui. Plus tard, amusez-vous comme une petite folle, vous l'avez bien mérité. Comme il y a beaucoup plus de débutants en swing qu'en salsa ou tango, occupez-vous d'eux avec plus de soin, invitez-les à danser, et faites de la retape pour la séance qui aura lieu le lendemain après-midi à 15h30.

A ce stade-là, tout le monde pense que vous êtes vice-présidente du club de swing et que vous n'avez rien à voir avec les tangueros. Bien que vous soyez habillée en rouge et noir avec des chaussures à talon.

En fin de soirée, discutez avec les membres du club. Si tout se passe bien, une des filles va venir s'excuser de ne pas pouvoir venir le lendemain puisqu'elle va voir la représentation de l'Opéra de quat' sous de 14h. Rappelez-vous que vous y allez aussi, vous adorez Brecht[1], une de vos colocs vous y amène, et c'est l'autre qui a fait les lumières. Encaissez le regard de chien battu du non-président, confondez-vous en excuses et promettez de vérifier la durée du spectacle, mais être à peu près sûre que ça fasse dans les trois heures.

Oups.

Épilogue : allez voir l'Opéra de quat' sous. Le spectacle sera un des meilleurs que vous aurez vu aux États-Unis, malgré le fait que votre siège au premier rang vous oblige à vous tordre la nuque, et vous ne trouverez rien à redire aux lumières. De toute façon, vous aurez mal partout des folies de la veille (note pour plus tard : ne pas danser le swing en talons qui ne sont pas faits pour). En sortant, allumez votre portable, vous aurez un message qui dira en substance : « deux nouvelles cavalières[2]. Dommage qu'elles n'aient pas de vrai mec pour les guider ! ».

Roulez des mécaniques : le vrai mec, c'est vous.

Notes

[1] Je ne me suis toujours pas habituée à la prononciation anglaise... « Brekt », ça me choque l'oreille.

[2] L'anglais a l'avantage d'avoir des termes génériques, lead et follow pour définir qui guide et qui suit, contrairement au français qui suppose que les hommes mènent la danse.