Ma cabane au Canada
J'ai fini et fait imprimer mon poster (dans la mauvaise taille, celle dont je ne suis pas sûre qu'on la laisse passer en cabine, alors que l'idée de me séparer du précieux tube pour le confier aux mains expertes dans l'art d'égarer ou d'abimer les bagages de ma compagnie aérienne favorite).
J'ai imprimé les papiers à lire dans l'avion (wishful thinking, quand tu nous tiens) pour pouvoir écrire le rapport que je dois remettre moins de vingt-quatre heures après mon retour.
J'ai fait signer le joli formulaire qui dit que oui, mon université m'attend bien à mon retour, allez, soyez pas chiens, laissez passer la demoiselle.
J'ai dormi moins de six heures par nuit pendant quatre nuits d'affilée (et celle qui arrive ne sera pas mieux), afin de m'habituer au rythme effréné de la conférence. Bon, d'accord, je n'ai pas fait exprès.
J'ai accepté avec joie, reconnaissance, et danse de la victoire sur ma chaise de bureau une invitation à dîner avec le monsieur avec qui je crois que je voudrais bien faire un post-doc, son post-doc, et une de ses thésardes (avec laquelle je partage ma chambre d'hôtel car le monde est petit mais bien fait — parfois). J'ai bien prévenu que mon Deutsch était devenu catastrophique, et j'occupe mes rares moments d'inactivité à me demander comment être à la hauteur scientifique de la situation.
J'ai reçu sans même m'en étonner la suggestion d'Advisor il y a quelques jours, qui coupant court à une conversation que nous avions à peine commencée, a proposé que nous la continuions plutôt lors de la conférence. Se voir dans son bureau serait trop facile, je suppose.
Je n'ai pas fait ma valise, que j'aimerais bien ne pas avoir à mettre en soute, ce qui implique de soigneusement préparer mes affaires de toilettes pour que tous les liquides rentrent en flacons de 100ml dans un grand sachet à congélation, et qu'il va me falloir bourrer de chaudes épaisseurs, afin de supporter le passage des maximales de 24°C à -1°C.
Je n'ai pas réservé mon taxi collectif pour demain matin — départ dimanche vers 6h45, personne ne semble prêt à sacrifier sa grasse mat' pour me conduire à l'aéroport.
Je n'ai écrit aucun des multiples emails qui doivent impérativement partir avant moi.
Je n'ai pas pris le temps de vérifier que je pouvais causer de mon poster avec aisance plutôt que de m'empêtrer dans mes explications.
Je n'ai pas regardé le programme pour savoir ce que j'allais faire de mes journées à partir de mardi.
Je n'ai chargé aucun des multiples appareils électroniques sans lesquels je ne me déplace jamais.
Je ne sais toujours pas où se situe l'hôtel par rapport à la ville ni ce qu'il y a de chouette à y voir (on m'a dit et répété à l'envi que j'allais adorer, mais je ne suis pas sûre d'avoir le temps de faire autre chose que de conférencer).
Demain matin, je m'envole pour Vancouver et Ze Big and Famous Conférence à laquelle je me ferai une joie d'assister jusqu'à jeudi soir.
En conséquence de quoi, je n'ai rien trouvé de mieux à faire que d'écrire un billet.