Krazy Kitty en Scandinavie
Préambule : je blogue une fois tous les trente-six du mois, mais quand je le fais, tu n'es pas volé sur la marchandise. Ce qui suit est donc long, je te préviende. J'ai mis des photos, du gras, et des listes à puce pour égayer, va, ne t'en fais pas.
J'avais déjà avant ce court séjour à Stockholm une certaine familiarité avec la Scandinavie, ayant vécu 4-5 mois au Danemark il y a fort longtemps. Cependant, si le Danemark fait partie de la Scandinavie dans son sens le plus courant (je viens de vérifier sur Wikipédia, alors), et si la langue qu'on y parle ressemble étrangement au norvégien et au suédois tant que personne n'ouvre la bouche pour la parler (les Suédois disent que les Danois parlent avec une patate chaude dans la bouche ; personnellement, j'estime qu'ils vomissent plus qu'ils ne parlent ; sérieusement, même le souabe est mélodieux comparé au danois), je refuse de faire aux autres scandinaves l'injure de les amalgamer aux Danois.
Tu l'auras compris, je n'ai pas du tout aimé le Danemark, et tu as bien de la chance que je n'aie pas eu de blog à l'époque (ça commençait à peine à être à la mode). De toute façon, j'avais dix-neuf ans, j'étais stupide (j'en prendrai pour preuve le fait que bien qu'habitant dans la riante banlieue de Copenhague je n'ai foutu les pieds ni en Suède, ni en Norvège, ni en Finlande), probablement déprimée, et le résultat aurait certainement été un imbuvable genre de Myspace emo mais correctement orthographié. Rétrospectivement, je ne sais pas comment les deux-trois d'entre vous qui me fréquentiez à l'époque ne m'avez jamais tapé dessus (par ailleurs : les gars, on ne rajeunit pas). Toujours est-il que j'ai trouvé les Danois très repliés sur eux-mêmes, peu accueillants, voire même racistes. De manière générale, bien évidemment : je connais quelques Danois très sympathiques, et d'ailleurs, ils sont d'accord avec moi.
Autant te dire qu'après mon retour de København (cherche pas, tu prononces nécessairement de travers) j'ai juré de ne plus jamais mettre les pieds dans ce pays (promesse à laquelle j'ai malheureusement failli, ayant du changer d'avion à Kastrup pour me rendre à Stockholm et en revenir) et il m'a fallu un certain temps, la rencontre de deux Suédoises super chouettes, et les récits enthousiastes de quelques Français ayant vécu en Suède pour me défaire de la méfiance générale pour tout pays situé au Nord de Hambourg générée par mon séjour.
Mais sept ans après m'être embarqué sur le ferry Rødby-Puttgarden, l'eau ayant coulé sous les ponts, j'étais excitée comme une puce à l'idée de visiter Stockholm et d'y retrouver quelques amis à l'occasion du mariage de deux d'entre eux.
Et j'avais bien raison.
Tout ce long préambule pour en venir au corps de ce billet : quelques souvenirs de voyage.
- Une balade nocturne au bord de l'eau, avec plus de lumière au retour qu'à l'aller. A 1h30 par rapport à minuit, donc. Un vague sentiment de jet-lag. Tiens, une photo (prise de jour, rassure-toi, avec mon téléphone, magie magie) de ce à quoi ça ressemblait, en bas de là où on logeait.
- Quelques particularités linguistiques qui font qu'on ne se sent finalement pas si loin de la Provence :
(Ils ont aussi « salong », « balcong » et « betong » parait-il. Comme dirait ma mère, putaincong.)
- Une jolie bibliothèque avec Guillaume Musso et Marc Lévy bien en évidence au rayon « littérature française ». Face, meet palm. Palm, Face.
- Une course effrénée dans les rues de Stockholm pour atteindre le Telenor avant l'heure de fermeture et défendre un des Droits Fondamentaux (celui de l'accès au Ternet Mondial).
- Des hugs d'amis pas vus depuis presque un an. I like hugs, and I like my friends. Des conversations comme si on s'était retrouvés au pub sur le campus plutôt qu'à neuf milliers de kilomètres.
- Des canards qui sortent de l'eau quand tu t'approches pour venir te réclamer à becter :
- De bien belles barres de rire.
- Une matinée de parfaits petits hipsters sur Södermalm (DesignTorget, boutiques de T-shirts, disquaire, café rock tendance pousses germées et plats végétaliens[1]) — j'ai bien évidemment adoré :
- Un mariage d'autant plus joli et festif qu'il correspondait tout à fait aux mariés (c'est pas parce que je schtroumpfe pas les mariages que j'ai rien fait qu'à traîner mes pieds en grommelant ; j'ai même chanté — faux — les psaumes en suédois, je me trouve assez bon public, finalement).
- Le plaisir absolument pas dissimulé (je crois bien avoir poussé des cris suraigus en sautant sur place, avec la grâce naturelle qui me caractérise) de voir mon titre sur le plan de table et le carton de placement. (Le truc avec les petits cœurs ne gâche rien, c'était pour faire des bulles, et les bulles, c'est le bien.)
Tu le sais désormais, si tu m'invites à ton mariage, assure-toi que le type assis à ma droite, si je ne le connais pas, aura l'occasion de me demander « So, what kind of doctor are you? » et mon égo flatté en oubliera et que je schtroumpfe pas les mariages, et que je navigue dans un milieu dans lequel avoir un doctorat est la moindre des choses. Si tu peux t'assurer que je sois assise en face d'Advisor histoire de bien savourer le tout, go for it. Et n'oublie pas les bulles, pour distraire mon attention. Car je suis extrêmement mature, comme fille.
- Les instructions sur la table pour invités confus entre les différentes traditions (américaine, libanaise, suédoise) à observer — voilà ce qui arrive quand la mariée est maître de conférence. Notons en particulier le passage sur le devoir des gentlemen d'amuser les ladies à leur droite (clairement, le jeune homme à ma gauche ne m'aurait pas adressé la parole de la soirée sans ça, et je ne me serais jamais débrouillée pour m'amuser seule — Entertain me!).
- Danser jusqu'au lever du jour. A trois heures du matin.
- Des compliments de la part de gens que je tiens en haute estime, c'est toujours bon à prendre.
- L'envie incontrôlable de voler un bateau pour faire un tour avec. (La Suédie coûte cher, sache-le.) Franchement, revenir du mariage à l'appart' qu'on louait en bateau, ça aurait eu la classe. (On a été bien élevés, on a pris un taxi.)
- La preuve par LIFE que les LOLcats existaient déjà en 1969 (et une raison de plus d'apprécier le Modernamuseet, la première étant qu'un musée d'art moderne qui passe Le Cirque de Calder a le droit à mon indéfectible amour ; cela dit s'il pouvait faire aussi chaud dans les salles que dans la boutique ce serait bien. Comment ça la conservation des œuvres ? Tu verrais le pont sur lequel on est passé en pleine tempête — je n'exagère pas du tout, tu me connais — pour accéder à ce putain de musée et l'état subséquent de mon jean...) :
Le lecteur anglophone conviendra je l'espère avec moi de l'excellence du jeu de mots, particulièrement en juxtaposition avec l'image.
- Nils Oscar (qui n'est pas un jeune suédois grand, blond, musclé, et féministe, mais arrête un peu avec tes stéréotypes) :
Skål!
- Du manger miaou miam (si tu dois apprendre un seul mot de suédois, va pour kannelbulle. Voire kannelbullar, son pluriel. Oui, le pluriel suédois est déconcertant si tu parles espagnol.) :
- Du manger comme au Danemark :
- du yaourt en brique :
- des frikadeller köttbullar (les boulettes que tu trouves aussi chez Ikea et que les Danois adorent manger au petit déjeuner dans les transports en commun, God morgen[2]!)
- Et du manger what the fuck were you thinking
- Le McFlurry au Kladdkaka. Les brownie bites, c'est pour les Amerloques. En Suède, on mange du kladdkaka — un peu comme un brownie, mais plus fondant/visqueux au centre, je m'arrête là, je vais me faire taper pour avoir osé émettre l'hypothèse d'une similitude entre le brownie et le kladdkaka.
- La confiote suédoise. Ça se voit pas sur la photo parce qu'elle est particulièrement peu réussie, mais voilà un pays où carotte-citron-abricot est considéré comme un parfum de confiture tout à fait honorable. De même que orange-whisky. Nous ne mentionnerons pas Den Gamle Fabrik, c'est une marque danoise.
- Et, en guise de conclusion, des Wasa géantes.
C't'ait bien coule, quoi. Bientôt plus de photos chez Monsieur Flickr, promis. Et un grand merci-gros-bisous-kram à mon guide-traducteur-entertainer !
Notes
[1] On a presque mangé végétarien, dis :
[2] Ça non plus, ça se prononce pas comme tu le penses... essaie « gowmorwn », recommence en imaginant que tu as trop bu, essaie encore en imaginant que tu as trop bu et qu'on te fait faire des tours de manège, oui vas-y, plus guttural, ça y est, you got it. Presque.