Bah, c'est l'hiver, quoi
Les jours sont encore trop courts et trop souvent pluvieux. « Tu es sûre que tu veux déménager en Allemagne ? » me demande-t-on quand je me plains. Oui, je suis sûre. Avec un peu de chance ils s'y connaissent un peu mieux que les Californiens en isolation thermique et ils ont de vraies façons de chauffer une pièce. Il faudra probablement que je fasse de la luminothérapie, mais je suis toujours partante. D'autant plus qu'il semblerait que ce soit the place to be, l'Allemagne, en ce moment.
Il y a eu la panne matérielle catastrophique dont on se relève tant bien que mal.
Il y a l'écriture de cette proposition de projet de recherche (pour l'Allemagne, justement), qui est à la fois passionnante (je définis mon propre projet !) et épuisante (mais je peux pas définir mon propre projet, je suis trop petite !).
Il y a ces choses qui me bouffent et que je devrais dire et qui restent bloquées au fond de ma gorge quand la personne à qui je devrais les dire m'appelle enfin.
Il y a le type avec qui je danse le swing[1], qui est en panique académique et en déficit de sommeil caractérisé et en devient complètement irresponsable à mon grand désarroi (et à ma rage mal contenue d'être encore une fois passée à la trappe), et il y a sa technique de gestion des conflits semblant être, d'une façon que je trouve d'ailleurs assez typiquement américaine, l'évitement, avec un succès que l'on pourrait donc qualifier de « mitigé ».
Il y a un peu tout le monde qui pète les plombs d'une manière ou d'une autre, de toute façon.
Il y a les parties mal fichues de mon corps qui réagissent mal à toutes ces tensions, me rappelant sans cesse que, non, je ne suis pas normale. J'en suis à envisager l'acuponcture, et pour tout dire, ça me donne envie de me jeter par terre et de taper des poings en criant « non non non » très fort mais il parait que ça ne se fait pas. Dommage.
Et puis il y a les longues heures passées à travailler sous la couette alors que la pluie bat les vitres.
Et puis il y a les tasses de thé, les chocolats, les pommes qui craquent sous la dent, les conversations qui durent trop tard dans la nuit.
Et puis il y a les pistes de danses quand les tensions commencent enfin à s'envoler, ce qui finit toujours par arriver.
Et puis il y a la dernière hype du moment, Sad Guys on Trading Floors, Unhappy Hipsters et Hipster Puppies.
Et puis il y a les cartes qui arrivent parfois dans ma boîte aux lettres (et dont les expéditeurs se reconnaitront).
Et puis il y a les petits livres roses de Son Altesse Impériale Pétronille du Beulogue, fraichement arrivés, soigneusement dédicacés, et qui me mettent le sourire jusque là.
Comme quoi, les amis, c'est bon, mangez-en.
Notes
[1] Le lecteur aura noté le subtil glissement sémantique depuis « partenaire »