Samedi dernier, dans ma longue robe rouge, mes talons, mes cheveux fraichement coupés, et le khôl que je n'ai le courage de sortir que pour les grandes occasions, je jouais les femmes de la haute aux côtés du gratin du conmté d'Orange. Pas exactement le gratin, d'accord, mais des tenues de grand couturiers, des talons plus haut que mon pied n'est long, et des airs hautins en veux-tu en voilà. Samedi dernier, j'étais au théâtre, au South Coast Repertory, et j'assistais avec un plaisir non dissimulé à une représentation de The Importance of Being Earnest (L'importance d'être Constant).

Il y a longtemps que je comptais te parler des Moomins (qui s'appelaient les Moumines en français quand j'étais gosse, car à l'époque, les gamins ne savaient pas parler anglais. Ils ne savent toujours pas, mais c'est pas grave). Quand j'étais petite, tout ce qui m'intéressait au sujet des Moumines, c'était de dévorer tous les tomes de ces romans illustrés qui s'empoussiéraient à la bibliothèque municipale (j'étais une fervente cliente de la bibliothèque municipale à laquelle je fournissais une part non négligeable de son activité, ma mère avait d'ailleurs dû s'inscrire elle-même pour que je puisse emprunter des livres en utilisant sa carte en sus de la mienne, pour tout te dire, j'étais un ver de livre comme on dit en anglais et c'était vachement chouette, de n'avoir rien d'autre à faire que de passer mon temps assise sur mes fesses avec un bouquin).

8400 jours tout pile !

Oui je sais c'est pas encore le 7 janvier mais en France si et comme je suis née à 2h12 (oui, du matin), ben ça compte. Voilà. Pis c'est mon anniversaire j'en fais ce que je veux, d'abord.

Le quatrième jeudi du mois de Novembre est enfin arrivé. Aujourd'hui, c'est Thanksgiving, et les États-Unis sont frénétiques... Passons sur l'ironie qu'il y a à remercier les indigènes d'avoir si généreusement aidé les pèlerins à s'adapter au Nouveau Monde, et de s'être ensuite fait massacrer pour apprendre les bonnes manières, parce que ce n'est pas le moment de faire du mauvais esprit.

Ce serait un peu comme de débarquer à Noël en vitupérant contre la foire commerciale que c'est devenu, avec des oranges pour tout le monde, et en ne ratant pas une occasion de rappeler à la vieille tante raciste que Jésus, de toute façon, il était plutôt basané, comme mec : ça ne se fait pas...

Comme il s'agit de mon troisième Thanksgiving, je suis en mesure de vous en raconter un peu plus sur le traditionnel déroulement des festivités.

Le bonheur vient-il de ces deux mots : la bonne heure ? Cela voudrait-il dire qu'il vient toujours à la bonne heure ? Le bonheur est-il ponctuel ? Je ne sais pas. Ce que je sais, par contre, c'est qu'aujourd'hui, en ce beau dimanche ensoleillé d'octobre, le bonheur est arrivé à 16h30 très précisément, accompagné d'un soupir de soulagement et d'un sourire de satisfaction, quand j'ai cliqué sur le bouton qui a envoyé la version finale de mon manuscrit^[1] vers son éditeur.

Ceci était ma brève contribution au dernier des Sabliers d'automne de Samantdi et Kozlika.