Plus un
Comme chaque année, je marque le coup de l'anniversaire de mon arrivée aux États-Unis. C'était, il y a quatre ans hier. Je m'émerveille encore de constater quel enchaînement d'événements a découlé du court email que j'ai écrit à Advisor pour accepter le poste.
Je l'ai déjà dit maintes fois, je le répète encore : c'était tout aussi effrayant qu'excitant. Ça l'est toujours, pour des raisons différentes. Les inconnues ne sont plus les mêmes et certaines constantes sont devenues inquiétantes ; le quotidien est moins aventureux mais plus investi émotionnellement. (Ce qui n'est, d'après le correcteur orthographique, pas un mot. Mpfr.)
Si je devais nommer un seul événement comme le plus marquant de cette dernière année, ce ne serait pas ma lente séparation d'avec le Blondinet (billet mit fautes d'orthographe d'origine à l'intérieur), car elle était dans l'ordre des choses, bien que le processus et la transformation de notre relation m'ait appris énormément de choses (non, je n'ai pas fini de grandir). Il faudrait quand même noter que je suis satisfaite de la façon dont les choses ont évoluées et n'en suis au fond pas peu fière.
Non, ce serait bien évidemment l'élection de Barack Obama, avec la campagne électorale qui y a mené. Le nombre de billets que j'ai écrit sur le sujet est en soi un témoignage de l'intérêt que j'ai porté à la chose à partir du congrès de Denver (qui a donné le coup d'envoi de ma quatrième année aux États-Unis). C'est, étonnamment, au moment où j'ai réellement pris la décision de ne pas vivre pour toujours aux États-Unis que j'ai commencé à me plonger le plus virulemment dans la politique de ce pays. J'ai été fort aidée en cela par certains de mes amis-collègues (la distinction est parfois floue) qui sont d'autant plus passionnés que c'est de leur pays qu'il s'agit... et qu'ils y ont le droit de vote.
Les heures passées dans les couloirs du labo, au pub, ou encore sur le canapé chez les uns ou les autres à huer la campagne de John McCain ou, plus sérieusement, à débattre des détails du plan d'Obama font partie de mes meilleurs souvenirs des États-Unis. La joie ressentie et partagée lors de la nomination et de l'investiture de Barack Obama est encore plus difficile à décrire mais j'espère vivre de nouveau de tels moments.
Je continue de m'intéresser de près aux embrouilles politiques américaines, même si j'écris moins à ce sujet (je touitte plus) et s'il faut bien avouer qu'entre Guantanamo (ah bah non on va quand même pas punir les gens qui ont pratiqué des actes de tortures, c'est quand même pas de leur faute, ils recevaient leurs ordres de plus haut... ah non, on ne va pas non plus punir les gens plus haut, ils sont trop haut vous comprenez ma pauvre dame — non je ne comprends pas, excusez-moi du peu) et la réforme de la santé (oui, voilà, c'est exactement l'idée, on veut faire crever les grand-mères et devenir stalinistes pour mieux tomber aux mains d'Al Qaeda, vous avez bien compris, c'est le plan — comme le faisait remarquer je ne sais plus qui, pour qu'on insiste tellement sur l'euthanasie des grands-mère, les grands-pères doivent être dans le coup) je frôle de près l'ulcère et l'hypertension.
D'ailleurs, j'ai failli pleurer en apprenant la mort de Ted Kennedy ce matin ; il m'a fallu une petite scéance de grimaces dans les toilettes du bureau pour retrouver ma contenance.
Il faudrait aussi probablement mentionner les conférences auxquelles j'ai participé, ma découverte de Salt Lake City, les courtes nuits à Orlando, et... mon séjour en Israël.
Séjour qui touche désormais à sa fin ; j'essaie désespérément de donner un semblant de conclusion à mon bout de projet tout en commençant à m'atteler aux formalités administratives de départ ainsi qu'en préparant divers séminaires qu'on a repoussé jusqu'aux dernières dates possibles. La Californie, pour tout dire, me manque un peu ; les gens, le labo, mon appartement, un environnement où je comprends ce que la majorité des gens disent autour de moi... et ma petite bande de danseurs. Les nouvelles qui m'arrivent entre deux messages professionnels (re-soumission d'article par-ci, réponse aux reviewers par là) sont bonnes ; je suis invitée à trois barbecues en cinq jours et il faudrait que quelqu'un achète du café. Mon cœur sera, comme toujours, serré au départ de l'aéwopowte de Woissy Chawlsse de Gauwle, après un passage, comme toujours, bien trop bref en France, mais je ne serai pas mécontente de m'entendre de nouveau interpeller par Hey, you, crazy French leftist!