Il y a cette enveloppe soigneusement rangée dans l'un de mes tiroirs avec au dos les paroles de Nuit et Brouillard, une des seules chansons qui me fassent presque toujours pleurer. Les paroles me reviennent sans même vraiment y penser, Je twisterais les mots s'il fallait les twister pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez. Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers, nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés, qui déchiriez la nuit de vos ongles battants, vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent.

Il était d'une autre génération que la mienne, je savais à peine s'il vivait encore, et la nouvelle de son décès, sans m'accabler, a fait tomber une vague tristesse, un voile nostalgique sur ma matinée. Un père juif, l'Ardèche, le communisme, il y avait même sans la justesse de ses paroles et la douce simplicité de ses chansons de quoi toucher en moi la petite-fille de deux Juifs et de deux communistes ardéchois.

Puisque je ne les ai pas encore vues passer dans ma blogo-twittosphère, une chanson de révoltés, et une chanson de féministes.

R.I.P. Camarade