Lundi. Je me lève à une heure encore un peu plus indécente qu'à l'habitude. Dans le brouillard qui enveloppe mon cerveau, j'essaye de comprendre pourquoi tous ces gens hurlent dans la radio. L'Iran ? Non, pas possible, l'Iran ne fait plus les nouvelles depuis, ouh là, au moins dix jours. Le Honduras ? Ah, bah non, c'est Wimbledon. Suis-je bête !
Je prends le bus jusqu'à l'arrêt que je sais desservir une gare ferroviaire en plus de la gare routière que je commence à bien connaitre, puisque j'y passe deux fois par jour sur le trajet du boulot. J'ai cru comprendre que la gare devait se planquer un peu au nord, la-bas derrière les bus ; c'est bien le cas, bien que j'aie quelques instants de panique en ne la voyant pas. Un sommaire passage de mon sac aux rayons X et de ma personne par un portique détecteur de métaux plus tard, je prends un billet aller-retour pour Haïfa. Trouver le bon quai est l'affaire de quelques minutes (Haïfa n'ayant pas le bon gout d'être le terminal) et bientôt je m'installe dans un train ressemblant fortement à un RER un peu abimé, a l'exception des sièges, larges et confortables. (Larges, c'est-à-dire, par comparaison aux sièges d'avion en classe économique qui me font frémir d'un sentiment de luxe quand j'installe mon auguste popotin en seconde dans un TGV, chose qui ne m'était jamais venue à l'esprit avant de devenir une habituée des voyages par voie aérienne.) De l'autre cote du carré où je prends place s'installent deux jeunes militaires en uniforme, fusil d'assaut compris (alors certes je suis nulle en armes à feu et ce n'est peut-être pas un fusil d'assaut mais ça a le même genre de gueule peu plaisante). Je ne suis toujours pas habituée à ça... et j'espère ne pas m'y faire, au fond.